News Release

Les systèmes alimentaires internationaux desservent l'humanité et accélèrent le changement climatique

un nouveau rapport élaboré par 130 académies nationales alerte les gouvernants à l'aube de la COP24

Peer-Reviewed Publication

European Academies' Science Advisory Council, Leopoldina - Nationale Akademie der Wissenschaften

Alors que la COP24 débutera la semaine prochaine et que des réunions se tiennent aujourd'hui sur la sécurité alimentaire à la Commission Européenne et à Bangkok au colloque FAO/IFPRI, se présente une occasion majeure d'initier une action collective mondiale afin de transformer les systèmes alimentaires internationaux et de limiter le changement climatique. Aujourd'hui, 130 académies nationales de sciences et de médecine unissent leurs efforts pour appeler les décideurs politiques à adopter des mesures immédiates sur le changement climatique, afin de tendre vers des systèmes alimentaires internationaux plus durables. Dans un tout nouveau rapport de vaste envergure, intitulé « Opportunities for future research and innovation on food and nutrition security and agriculture?: The InterAcademy Partnership's global perspective » (Opportunités de recherche et d'innovation futures en matière de sécurité alimentaire et d'agriculture: perspective mondiale du Partenariat interacadémies), les auteurs appellent à cesser de faire comme si de rien n'était et demandent aux décideurs de s'ouvrir à la science pour orienter l'innovation et nourrir les choix politiques.

«?Nos systèmes alimentaires nous desservent. La semaine prochaine lors de la COP24, nous avons besoin de voir les décideurs adopter des mesures sur le changement climatique et aller au-delà des déclarations politiques. Ce n'est pas seulement l'environnement qui est en jeu mais aussi la santé, la nutrition, le commerce, l'emploi et l'économie. L'agriculture et les choix des consommateurs sont les principaux facteurs qui concourent aux désastres liés au changement climatique. Nous avons besoin d'une réponse politique solide et ambitieuse pour réduire l'impact de l'agriculture et des choix faits par les consommateurs sur le climat, et à cet égard, les scientifiques ont un rôle majeur à jouer. «?Notre nouveau rapport est un signal d'alerte lancé aux décideurs?» a indiqué le professeur Joachim von Braun, Co-président du projet IAP sur l'agriculture et l'alimentation, Président de l'Académie pontificale des sciences et Directeur du Centre de recherche en développement (ZEF) à l'université de Bonn.

L'année 2018 a précisément révélé la vulnérabilité des systèmes alimentaires face aux événements climatiques extrêmes et à d'autres conséquences du changement climatique induit par l'homme. De surcroit, le changement imputable aux seules agriculture, industrie forestière et utilisation des terres - sans le transport des aliments et d'autres opérations fortement consommatrices d'énergie - représente 20 à 25?% des émissions annuelles mondiales. Le dernier rapport spécial du Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC) a bien précisé que l'augmentation de 2°C de la température globale devait être évitée à tout prix. En 2018, la FAO a relevé que le nombre absolu de personnes sous-alimentées avait continué de progresser entre 2016 et 2017 et que parallèlement d'autres objectifs alimentaires n'avaient pas été atteints. Les événements extrêmes et la variabilité climatique menacent de réduire, voire d'anéantir, les progrès précédemment réalisés. La quête de calories dans la production alimentaire nous oblige à relever de nouveaux défis de santé, tels que l'obésité. Le changement climatique exacerbe l'insécurité et les inégalités alimentaires.

«?Nous ne pouvons plus continuer à faire comme si de rien n'était. Nos systèmes alimentaires actuels ont un impact négatif, non seulement sur le changement climatique, mais aussi sur la santé humaine à travers le monde. Le prix des aliments riches en calories a baissé, ce qui a des répercussions graves sur la santé publique, sur l'obésité et la malnutrition. La science a un rôle clé à jouer pour atteindre les ODD, en particulier en matière de faim et de santé?» a indiqué le professeur Volker ter Meulen M.D., Co-président du projet IAP sur l'agriculture et l'alimentation et Président de l'IAP, le Partenariat interacadémies.

Il est urgent d'axer les politiques et les programmes sur des éléments plus factuels et d'investir pour résoudre les problématiques majeures de notre époque?: limiter le changement climatique en adaptant la production et la consommation d'aliments et s'assurer que la population mondiale a accès à une alimentation suffisante, abordable et durable au plan environnemental. Ces enjeux ne sont pas seulement essentiels pour la santé et l'environnement mais aussi pour l'économie mondiale, le commerce et l'emploi. Une agriculture intelligente face au climat, des incitations pour les consommateurs à modifier leurs habitudes alimentaires, des aliments innovants, des technologies de pointe associées à des sciences sociales rigoureuses, sont indispensables pour s'attaquer aux causes de notre système alimentaire mondial défectueux.

Quels sont les changements nécessaires??

Des systèmes alimentaires intelligents face au climat

Le Partenariat interacadémies exige que les systèmes alimentaires évoluent pour devenir intelligents face au climat. Dans le même temps, limiter les seules émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture ne sera pas suffisant pour supprimer l'impact des systèmes alimentaires sur le changement climatique.

Mesures incitant les consommateurs à changer leurs habitudes alimentaires

Il faut adopter des mesures incitatives - basées sur des éléments factuels - pour que les gens changent leurs habitudes alimentaires, que ce soit pour la santé publique (y compris l'obésité et la nutrition) ou pour l'environnement. Les décideurs politiques doivent comprendre ce qui motive la demande et trouver des solutions pour changer le comportement des consommateurs, et leur faire accepter des aliments et régimes alimentaires novateurs. Ces décideurs doivent aussi aider les consommateurs à comprendre et estimer les conséquences environnementales de leurs choix alimentaires. Réduire la quantité de déchets alimentaires doit également devenir une priorité. C'est un point essentiel dont les avantages sont significatifs sur le plan du climat et de l'environnement.

Aliments innovants

Les décideurs politiques et autres dirigeants doivent déployer des efforts ambitieux dans le but d'influer sur les comportements des consommateurs qui produisent des émissions de gaz à effet de serre. Changer les habitudes alimentaires pourrait permettre d'engranger des bénéfices collatéraux en termes de santé et de climat, notamment par la en réduction de la consommation de viande dans certaines régions comme l'Europe, ou par l'accroissement de la part des aliments et régimes alimentaires innovants. Parmi ces aliments novateurs, citons les mélanges viande-champignons, la viande produite en laboratoire, les algues et des plats appétissants à base d'insectes.

Collaboration entre sciences naturelles et sciences sociales

Il est nécessaire de traduire la recherche en innovations appliquées, mais cela exige un renforcement des liens entre disciplines, et grâce à une utilisation optimisée des technologies de pointe, améliorer l'enseignement des sciences, la formation et la vulgarisation. La collaboration entre les recherches fondamentales sur les sciences du vivant et celles sur les sciences sociales ainsi que les politiques en matière d'alimentation, de nutrition et d'agriculture, doit être renforcée.

Nouveau mécanisme consultatif scientifique international

L'IAP préconise de créer un groupe consultatif international sur la sécurité alimentaire et l'agriculture et d'y inclure une participation des académies, afin de renforcer les mécanismes de gouvernance internationale.

Un défi de taille

Conformément à la dernière estimation de l'ONU (FAO et al., 2017), le nombre d'êtres humains souffrant chroniquement de malnutrition dans le monde est passé de 777?millions en 2015 à 815?millions en 2016. Un nombre plus important encore de personnes souffre d'une déficience en micronutriments et de troubles liés au surpoids ou à l'obésité. L'état de la sécurité alimentaire s'est aggravé, en particulier dans certaines régions d'Afrique, d'Asie du sud-est et de l'ouest, surtout dans des situations de conflits, associées à des sécheresses ou des inondations. La montée de ces causes d'insécurité alimentaire combinée aux conflits et au climat, souligne bien le besoin d'inclure davantage les sciences sociales, la santé et les sciences du climat, dans le programme de recherches sur l'alimentation, la nutrition et l'agriculture si l'on veut comprendre les problèmes et adopter les options qui permettraient de les résoudre. La production agricole ne peut pas augmenter à l'infini, nous devons faire face à l'impérieuse nécessité de stopper l'épuisement des services écosystémiques et de la biodiversité. Selon la Banque mondiale, la part des terres arables (celles cultivées) représente 11 % des terres du globe, alors que les terres agricoles (qui incluent les pâturages et zones forestières de pâture) en représentent un pourcentage plus important (plus d'un tiers).

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Notes pour les éditeurs

Pour ce projet en trois ans, quatre groupes de travail académiques régionaux se sont constitués?: en Afrique (le Réseau d'Académies des sciences africaines, NASAC), en Asie (l'Association des Académies et Sociétés des sciences d'Asie, AASSA), en Amériques (le Réseau interaméricain des académies des sciences, IANAS) et en Europe (le Conseil scientifique des académies des sciences européennes, EASAC). Les experts des diverses académies sur la sécurité alimentaire et l'agriculture de ces quatre grandes régions du monde ont élaboré 10?questions prioritaires de référence sur lesquelles se sont basées les académies pour leur analyse. Les quatre groupes de travail régionaux ont rédigé leurs préconisations, soumises ensuite à un examen indépendant par leurs pairs, nommés par les académies, puis approuvées par chaque réseau académique régional. Les commentaires faits sur les quatre rapports régionaux ont servi de ressources pour préparer ce cinquième rapport mondial, sous la direction d'un groupe éditorial formé d'experts. Ce rapport mondial a été examiné par des pairs indépendants et approuvé par l'IAP.

Citations concernant le rapport

L'Académie pontificale des sciences?: Déclaration finale sur l'atelier sur la sécurité alimentaire et les régimes sains?: «?Il faut renforcer les bases scientifiques de la sécurité alimentaire et des régimes sains. L'accent mis sur la sécurité alimentaire dans les études récentes du Partenariat interacadémies portant sur les futures priorités de la recherche dans le domaine de l'agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique, en Asie, en Amériques et en Europe est un début.?»

Liens utiles

Rapports régionaux de l'IAP sur la sécurité alimentaire et l'agriculture (Afrique, Asie, Amériques et Europe)
Changement climatique et ressources foncières - COP?: rapport spécial du GIEC
Rapports régionaux de l'IAP?: Afrique, Amériques, Asie et Europe)
FAO/IFPRI?: En finir plus vite avec la faim et la malnutrition
Rapport EAT / Lancet E
uropean Commission Knowledge Centre for Global Food and Nutrition Security

À propos du Partenariat interacadémies (IAP)

Le Partenariat interacadémies (IAP) correspond au réseau qui rassemble plus de 130 académies nationales des sciences, de médecine et d'ingénierie dans le monde. Son lancement formel date de mars 2016 et s'est appuyé sur trois anciens réseaux académiques internationaux. Les académies regroupées au sein de l'IAP collaborent pour renforcer le rôle spécial des sciences et encourager leurs efforts destinés à trouver des solutions aux plus grands défis du monde. L'IAP exploite en particulier l'expertise des leaders scientifiques, médicaux et en ingénierie pour faire avancer les bonnes politiques, améliorer la santé publique, promouvoir l'excellence des formations en sciences et atteindre d'autres objectifs de développement majeurs.

Coordonnées

Dr. Robin Fears
E-mail?:?robin.fears@easac.eu
Mobile?: +44 12 79 504 270

Mme Molly Hurley-Depret
E-mail?:?molly.hurley-depret@easac.eu
Mobile?: +352 691 112 882
Ligne fixe?: +352 26 68 91 21


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