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Un économiste lauréat du prix Tyler 2016 pour ses travaux sur les liens entre pauvreté, développement durable et santé environnementale

Le 43e prix Tyler pour les réalisations environnementales est attribué à Sir Partha Dasgupta pour sa contribution aux objectifs de développement durable et à l'encyclique du pape François sur l'environnement

Grant and Award Announcement

Burness

Ce communiqué est disponible en anglais et espagnol.

Los Angeles, Californie (14 mars 2016) - Le Comité exécutif du prix Tyler pour les réalisations environnementales a décerné aujourd'hui son prix 2016 à Sir Partha S. Dasgupta (PhD). Professeur émérite Frank Ramsey d'économie, Université de Cambridge. Sir Partha S. Dasgupta est connu pour avoir développé une théorie et des outils économiques qui mesurent les liens entre le bien-être humain et environnemental, la pauvreté, la population, la croissance économique et l'état des ressources naturelles.

« Les contributions de Sir Partha Dasgupta à l'économie ont provoqués des changements fondamentaux et constants dans le débat international sur le développement durable et équitable et l'utilisation des ressources naturelles », a expliqué Julia Marton-Lefèvre, présidente du Comité exécutif du prix Tyler et spécialiste des questions environnementales, du programme Edward P. Bass à l'université de Yale.

« De la coprésidence du comité qui a conseillé le pape François sur les fondements scientifiques du changement climatique à sa contribution à l'élaboration des objectifs de développement durable, les travaux de Sir Partha nous contraignent à garder à l'esprit les populations et notre mode d'utilisation des ressources naturelles afin que les générations présentes et futures en bénéficient », a ajouté Julia Marton-Lefèvre.

Les travaux de Partha Dasgupta remettent en cause les idées reçues sur la façon dont les nations mesurent leur bien-être, et ils privilégient la population et la durabilité environnementale.

« Nous avons longtemps mesuré les progrès des pays en termes de production et de consommation, comme exprimé dans le produit intérieur brut (PIB) », a affirmé Partha Dasgupta. « Nous devons utiliser un système de mesure totalement différent. Le PIB ne nous dit pas si notre développement bénéficie à la totalité de la société et aux générations futures ; il ignore des facteurs tels que les inégalités et ne nous dit pas si nos ressources naturelles sont utilisées de manière à profiter aussi aux générations futures. »

Depuis sa création en 1973, le prix Tyler est l'une des distinctions internationales les plus prestigieuses au monde, et il a été le premier à récompenser des travaux en science de l'environnement, santé environnementale et énergie.

« Les travaux de Sir Partha visant à créer un cadre pour le développement durable et son engagement pour la lutte contre la pauvreté et la défense de l'environnement font de lui un économiste sans égal parmi les économistes environnementaux du monde entier », a déclaré Simon Levin, lauréat du prix Tyler 2014.

Le lauréat du prix Tyler 2016 recevra une récompense de 200 000 dollars EU et une médaille d'or, et rejoindra les rangs des lauréats précédents, dont Edward O. Wilson, Jane Goodall, Jared Diamond, Paul et Anne Ehrlich, M.S. Swaminathan, Thomas Lovejoy, Jane Lubchenco et Madhav Gadgil. La liste complète des lauréats est disponible sur http://www.tylerprize.usc.edu/pastlaureates.html. Décerné par le Comité́ exécutif international du prix Tyler avec l'appui administratif de l'Université́ de Californie du Sud, le prix récompense une clairvoyance et un dévouement exceptionnels dans le domaine de la science et des politiques environnementales - des qualités chères à John et Alice Tyler, fondateurs visionnaires du prix créé lorsque le débat sur l'environnement en était encore à ses débuts.

La chasse aux questions d'économie : des rues de Calcutta au Vatican

« Je n'avais pas de vision d'ensemble ou d'objectifs précis quand j'ai commencé ma carrière », explique Partha Dasgupta. « C'est une quête longue de quarante ans, durant laquelle j'ai commencé avec des problématiques restreintes, avant de réaliser que j'avais besoin de les comprendre dans un contexte plus large. »

Pour Partha Dasgupta, cette quête a débuté dans les rues de Calcutta lorsqu'il allait rendre visite à ses parents. « J'ai vu des femmes mendier, avec parfois des enfants à leur côté. Cela faisait partie de ma vie », a-t-il raconté. « J'ai vu une fois un bébé âgé d'environ un an allongé près de sa mère avec des mouches sur la figure. C'était un spectacle poignant, mais j'ai commencé à me demander pourquoi elle ne chassait pas ces mouches. »

Cette réflexion sur la façon dont cette femme utilisait - ou n'utilisait pas - une énergie très limitée a poussé Partha Dasgupta à explorer des questions plus larges sur la relation entre la nutrition et la santé et ce que cela signifie pour la productivité humaine. Ces centres d'intérêt se sont rapidement étendus à l'utilisation et la valeur des ressources naturelles, la population et la durabilité.

Quarante ans plus tard, Partha Dasgupta est devenu un expert mondial reconnu pour ses travaux sur les problématiques économiques et environnementales et d'autres disciplines. Il a notamment coprésidé le rapport conjoint pour l'Académie pontificale des sciences et l'Académie pontificale des sciences sociales - intitulé Changement climatique et bien commun - qui a servi de base scientifique à l'appel à l'action du pape François contre le changement climatique, l'encyclique sur l'environnement (Laudato si').

Repenser le grand livre d'une nation : remettre en cause notre vision de la prospérité et de la croissance économique

Les travaux de Partha Dasgupta sur diverses problématiques économiques l'ont amené à comprendre qu'un système de mesure plus global et plus complexe du bien-être national et économique était nécessaire pour aider les gouvernements à élaborer de meilleures politiques économiques et de développement.

« L'évaluation de la richesse et de la santé des pays à l'aide du PIB ne saisit qu'un moment précis dans le temps et non la direction prise par un pays. Cela équivaut à juger les perspectives actuelles et futures d'un ménage en se basant uniquement sur ses dépenses annuelles en biens et en services, sans savoir si ces dépenses réduisent sa richesse », a expliqué Partha DasGupta.

Partha Dasgupta et ses collègues défendent l'idée que les nations doivent mesurer leur « richesse inclusive », qui comprend non seulement la valeur de l'infrastructure et des outils de productions d'un pays - tels que les routes, les bâtiments et les usines - et l'éducation et la santé de ses citoyens (capital humain), mais aussi la valeur du capital naturel (santé environnementale, écosystèmes, ressources souterraines). La richesse inclusive mesure la productivité potentielle d'un pays.

Partha Dasgupta et son collègue Karl-Goran Maler ont montré que les générations futures auront une meilleure qualité de vie si la richesse inclusive de l'économie croît plus rapidement que sa population. « Il n'est pas bon de parler de développement durable sans passer par un système qui intègre la notion de richesse inclusive », a affirmé le lauréat du prix Tyler.

Partha Dasgupta est conseiller scientifique auprès de l'Inclusive Wealth Project, une initiative parrainée par l'ONU qui cherche à mesurer la richesse et la durabilité à long terme des pays. Cette approche, estime-t-il, doit être mise à l'œuvre dans les discussions internationales sur la durabilité, y compris pour les Objectifs de développement durable (ODP) de l'ONU, récemment approuvés.

« Nous ne pouvons nous duper en pensant que la réalisation des ODP - tels que l'éradication de la pauvreté ou de la faim - est un succès en soi. Nous devons réaliser ces objectifs à l'aide de politiques de développement intelligentes, sinon ce succès risque d'être bref », a-t-il prévenu. « Nous saurons si nous l'avons fait uniquement en nous demandant si les politiques de développement que nous avons adoptées augmenteront la richesse inclusive plus rapidement que la croissance démographique. »

Envisager diverses perspectives pour répondre à de plus vastes questions : de la gestion environnementale à la population

Au cours de sa carrière, Partha Dasgupta a collaboré avec maints experts de nombreuses disciplines - écologistes, épidémiologistes et anthropologues. Lorsqu'il était président du conseil d'administration de l'Institut Beijer, il a réuni avec ses collègues des économistes et des écologistes du monde entier pour s'attaquer aux problèmes de gestion de l'environnement et aider les populations les plus démunies du globe.

« Grâce à sa notoriété intellectuelle, il a pu contribuer à réunir des partenaires qui n'avaient jamais travaillé ensemble de cette façon », a confié Simon Levin.

En 2013, Partha Dasgupta a présidé un comité d'experts divers pour le compte du Premier ministre indien Manmohan Singh, en vue d'élaborer un cadre de travail pour mesurer le bien-être national de l'Inde en intégrant non seulement la production économique, mais aussi la santé et la valeur des ressources environnementales et naturelles.

« Étudier l'économie, c'est comme peler un oignon. Le 'pourquoi' est une question récurrente », a-t-il expliqué. « Mon problème, et ce qui nourrit mon intérêt, c'est qu'à chaque étape de mes recherches, j'ai découvert que j'avais besoin d'autres disciplines pour trouver des réponses. »

Les efforts fournis par Partha Dasgupta pour s'engager dans une diversité de perspectives s'étendent aussi à la région. Il a cofondé le Réseau d'Asie du Sud pour l'économie du développement et de l'environnement (South Asian Network for Development and Environmental Economics - SANDEE) afin de faire connaître les travaux d'universitaires des pays en développement, et il a lancé le journal Environment and Development Economics, qui publie des études sur la pauvreté et les ressources environnementales réalisées par des universitaires de pays pauvres.

« Dans les pays développés, l'environnement est souvent perçu comme une infrastructure - la plage est-elle polluée, ou le parc national est-il un lieu où je veux passer des vacances ? -, mais une grande partie de l'humanité ne jouit pas de l'environnement uniquement en tant qu'infrastructure », a expliqué Partha Dasgupta. « Les populations des pays pauvres comprennent cette complexité, mais leurs voix ne sont pas suffisamment entendues. »

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Conférence et remise de prix

Le jeudi 21 avril 2016, à 15 h, Partha Dasgupta donnera une conférence publique sur ses travaux dans la salle Forum de l'Université de Californie du Sud, à Los Angeles

Le vendredi 22 avril, à 19 h, le Comité́ exécutif du prix Tyler et la communauté́ internationale de l'environnement rendront hommage à̀ Partha Dasgupta au cours d'un banquet et d'une cérémonie privés dans le salon Town & Gown de l'Université de Californie du Sud.

À propos du prix Tyler

Le prix Tyler pour les réalisations environnementales est l'une des premières récompenses internationales dédiées à la science de l'environnement, la santé environnementale et l'énergie.

Fondé par les défunts John et Alice Tyler en 1973, ce prix, décerné chaque année, a récompensé́ 70 chercheurs et quatre organisations qui ont accompli des réalisations environnementales d'envergure mondiale. Les travaux des lauréats reflètent tout l'éventail des problématiques environnementales - politiques environnementales, santé, pollution de l'air et de l'eau, perturbation des écosystèmes, perte de biodiversité́, et ressources d'énergie. La récompense est remise par le Comité́ exécutif du prix Tyler avec le soutien administratif de l'Université́ de Californie du Sud.

Pour plus d'information sur le prix Tyler et ses lauréats : http://www.tylerprize.usc.edu.


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