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Les personnes infectées par l'hépatite C au Canada ont un accès limité aux antiviraux à action directe

Plus de 85% des provinces et territoires canadiens restreignent l'accès aux nouveaux antiviraux à action directe (AAD) pour le traitement de l'hépatite C.

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal Hospital Research Centre (CRCHUM)

Antiviraux à Action Directe (AAD) Pour le Traitement de l'hépatite C

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Montréal, le 14 octobre 2016. - Une pilule par jour pendant 12 semaines. Les nouveaux antiviraux à action directe (AAD) sont efficaces pour guérir l'infection au virus de l'hépatite C, une maladie potentiellement mortelle qui s'attaque au foie. Mais ils coûtent cher, soit environ 60 000 $ par patient. Une étude menée par des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitaliser de l'Université de Montréal (CRCHUM), The Kirby Institute, UNSW en Australie et du Réseau Canadien sur l'Hépatite C (CanHepC) démontre que presque partout au Canada, les provinces et territoires imposent des barrières au remboursement de ces médicaments par le système public, en raison de leur coût.

« Il existe plusieurs nouveaux antiviraux à action directe, commercialisés par différentes compagnies pharmaceutiques. Nous avons étudié les pratiques de remboursement pour le simeprevir, le sofosbuvir, le ledipasvir-sofosbuvir et le paritaprevir-ritonavir-ombitasvir plus dasabuvir. On constate que 85 à 92% des provinces et territoires au Canada restreignent l'accès à ces médicaments aux personnes ayant une fibrose modérée », affirme Alison Marshall, chercheuse à The Kirby Institute, UNSW en Australie et première auteure d'une étude publiée aujourd'hui dans CMAJ Open.

Plus de 220 000 personnes au Canada sont infectées par le virus de l'hépatite C. La maladie se transmet par le sang. Une personne sur quatre se débarrasse spontanément du virus avant qu'il ne s'attaque au foie. Les autres ne ressentent souvent pas de symptômes au début, mais développent graduellement une maladie du foie, gradée de F0 à F4. F0 correspond à l'infection initiale sans fibrose et F4, à la cirrhose.

D'un océan à l'autre, provinces et territoires imposent toutes sortes de conditions avant de rembourser tel ou tel antiviral à action directe : niveau de fibrose F2, prescription par un médecin spécialiste, absence d'infection au VIH, etc. La pilule n'est pas facile à obtenir, constate Michel Deschenes, 38 ans. « Ça fait un an que je suis infecté par l'hépatite C et j'attends encore un examen FibroScan®. Mon médecin m'a dit de revenir, parce que mon foie n'est pas assez malade pour me prescrire le médicament. J'ai une copine, je suis en recherche active d'emploi. Ça hypothèque ma vie et j'aimerais m'en débarrasser », dit-il.

« Le traitement est efficace, sécuritaire et économiquement rentable. On devrait traiter toutes les personnes infectées par l'hépatite C », insiste la Dre Julie Bruneau, médecin et chercheuse au CHUM. Le Canada adhère à l'objectif de l'Organisation mondiale de la santé d'éradiquer l'hépatite d'ici 2030. « Actuellement, la majorité des infections à l'hépatite C au Canada surviennent chez les utilisateurs de drogues injectables. Or ces personnes sont souvent vulnérables et stigmatisées, et ont un rapport au système de soins difficile. Leur dire d'attendre signifie souvent les perdre de vue. Si on veut diminuer significativement l'infection dans le futur, il faut offrir des services adaptés, les dépister et les traiter. S'ils se réinfectent, il faut les traiter à nouveau immédiatement. Sinon, nous perdrons la bataille, et ça coûtera plus cher en argent et en vies humaines », explique la Dre Bruneau.

Si la tendance se maintient, les coûts associés au traitement des patients atteints d'une cirrhose du foie vont grimper de 161 à 258 millions par année en 2035, calculent les auteurs de l'étude de CMAJ Open. « En termes de coûts de santé publique, c'est moins cher payer 60 000 $ maintenant pour un traitement antiviral que la greffe du foie à 500 000 $ plus tard », illustre la Dre Bruneau, également professeure à l'Université de Montréal.

Les scientifiques du Réseau Canadien sur l'Hépatite C réclament une stratégie nationale pour éliminer l'hépatite C au pays. « Même si les soins de santé relèvent des provinces et que nous avons 13 régimes d'assurance-maladie au Canada, il nous faut un plan national et des objectifs communs à adapter selon la réalité locale. On l'a fait pour le VIH, on devrait le faire pour l'hépatite C », plaide Naglaa Shoukry, chercheuse au CRCHUM et directrice du Réseau Canadien sur l'Hépatite C.

En Australie, une telle approche a servi de levier pour négocier le prix des antiviraux avec les compagnies pharmaceutiques et élargir l'accès à ces nouvelles thérapies pour toutes les personnes qui vivent avec cette infection, sans restriction par rapport à l'atteinte au foie. En cinq mois, 26 500 personnes ont été traitées, soit 12% du nombre estimé de personnes souffrant d'hépatite C chronique dans ce pays. « En ce moment au Canada, c'est l'offre et la demande, il y a des négociations compagnie par compagnie, pilule par pilule. Il n'y a pas de transparence et on ne sait pas vraiment combien coûtent réellement les nouveaux antiviraux. La seule façon d'éliminer l'hépatite C, c'est d'adopter une stratégie nationale pour dépister et traiter toutes les personnes infectées, en particulier les personnes qui s'injectent des drogues », conclue Naglaa Shoukry.

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À propos de cette étude

L'étude « A review of restrictions of reimbursement of direct-acting antiviral treatment for hepatitis C virus infection in Canada » a été menée par les chercheurs du Réseau Canadien sur l'Hépatite C (CanHepC), dirigé par Naglaa Shoukry (CRCHUM & Université de Montréal) et Julie Bruneau (CRCHUM & Université de Montréal). L'étude ne représente pas nécessairement le point de vue des principaux organismes subventionnaires : les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) (subvention : NHC-142832), l'Agence de santé publique du Canada et le département de la santé et de la vieillesse de l'Australie. Pour en savoir plus, consultez l'étude : cmajopen.ca

Ressources additionnelles

Éliminer l'hépatite C : entrevue avec Naglaa Shoukry, chercheuse au CRCHUM et directrice du Réseau Canadien sur l'Hépatite C (CanHepC)

http://crchum.chumontreal.qc.ca/nouvelles/eliminer-lhepatite-c

Réseau Canadien sur l'Hépatite C

canhepc.ca/en (en anglais)

Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal

crchum.com

Université de Montréal

umontreal.ca

Source : Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM)

Informations :

Isabelle Girard
Conseillère en information, CRCHUM
514-890-8000 #12725
Isabelle.girard.chum@ssss.gouv.qc.ca | @CRCHUM crchum.com


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