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L’exercice physique, future thérapie anticancer ?

Un premier essai clinique international évalue l’effet de l’exercice physique intense pour prolonger la survie des hommes atteints d’un cancer de la prostate avancé

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal Hospital Research Centre (CRCHUM)

L'exercice physique, future thérapie anticancer?

image: Alfred Roberts joue au hockey pour se garder en forme, malgré un cancer de la prostate avancé. view more 

Credit: Crédit photo: Anick Roberts

Ce communiqué est disponible en anglais.

Montréal (Québec), le 24 mai 2016 - À 70 ans, Alfred Roberts joue au hockey deux fois par semaine. Rien d'extraordinaire. Sauf que depuis trois ans, il est touché par un cancer de la prostate avancé, avec des métastases. « J'ai toujours été actif. Le hockey me garde en forme et ça me change les idées. J'ai des amis qui ont joué jusqu'à 80 ans et mon objectif, c'est de les battre! », lance ce vétéran de la rondelle.

Plusieurs études ont démontré les bénéfices de l'exercice physique pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'un cancer. Mais le Dr Fred Saad, urologue-oncologue et chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), va plus loin. Il estime que l'exercice physique aurait un effet direct sur le cancer, aussi efficace qu'un médicament pour traiter ses patients souffrant d'un cancer de la prostate, même à un stade avancé de la maladie.

« Le patient typique avec des métastases devient souvent sédentaire. On pense que cela favorise la progression du cancer », dit-il. Conjointement avec Robert Newton, professeur à l'Institut de recherche en médecine du sport et de l'exercice de l'Université Edith Cowan en Australie, le Dr Saad dirige une première étude internationale dont l'objectif est de démontrer que l'exercice physique prolonge littéralement la vie des patients atteints d'un cancer de la prostate métastatique.

« Normalement, les patients à ce stade ont une espérance de vie de deux à trois ans. Nous voulons réduire la mortalité d'au moins 22%, ce qui signifie prolonger la vie des patients d'environ six mois. C'est le bénéfice équivalent d'un nouveau médicament. L'exercice pourrait donc s'ajouter aux traitements disponibles, à peu de frais », fait valoir le Dr Saad, également professeur titulaire au Département de chirurgie de l'Université de Montréal.

Le Dr Saad va présenter les grandes lignes de cet essai clinique de phase 3 lors du congrès annuel de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), qui se tiendra à Chicago du 3 au 7 juin prochain. L'étude financée par la Fondation Movember a déjà débuté en Irlande et en Australie. Au cours des prochaines semaines, une soixantaine d'hôpitaux à travers le monde commenceront à recruter des patients. Au total, près de 900 hommes atteints d'un cancer de la prostate avancé y participeront.

« Nous allons étudier l'exercice comme si c'était un médicament ajouté aux traitements habituels. Tous les patients seront soignés selon le meilleur de nos connaissances pour ce type de cancer. Ils continueront de suivre leurs thérapies et de prendre leurs médicaments. Mais la moitié des patients va bénéficier d'un suivi psychosocial avec des recommandations générales sur l'exercice physique. L'autre moitié va suivre en plus un entraînement physique intense », explique-t-il.

L'expert en médecine de l'exercice Robert Newton a conçu un programme d'entraînement musculaire et cardiovasculaire spécifique pour les patients du groupe « exercice ». « Ils devront faire une heure d'aérobie et de musculation à raison de trois fois par semaine. Un entraîneur personnel va les superviser pour les premiers 12 mois, puis ils continueront seuls. Nous pourrons évaluer la qualité de vie, l'appétit et la tolérance au traitement, en lien avec l'amélioration de leur condition physique », résume le professeur Newton, co-directeur de l'Institut de recherche en médecine du sport et de l'exercice de l'Université Edith Cowan.

Des prises de sang et des biopsies musculaires aideront les scientifiques à mieux comprendre les bénéfices de l'exercice physique. « Les personnes atteintes du cancer développent toutes sortes de complications liées aux métastases, comme des fractures ou des douleurs intenses. On espère que l'exercice va renforcer les muscles et les os », explique le Dr Saad.

L'hypothèse est la suivante : l'exercice aurait un impact direct sur la progression du cancer, en plus d'aider le patient à mieux tolérer sa thérapie. En bout de ligne, il vivrait donc plus longtemps. Les résultats de cette vaste étude qui mobilise une centaine de chercheurs au Canada, aux États-Unis, en Australie, en Irlande, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne ne seront pas connus avant cinq ans. Les conclusions pourront-elles être étendues à d'autres types de cancer? Il est trop tôt pour le dire. Mais les chercheurs font le pari que l'exercice physique pourrait bien devenir la prochaine thérapie anticancer. Alfred Roberts est d'ailleurs convaincu que l'exercice l'aide à défier les pronostics : « Tant que je vais être capable de mettre des patins, je vais jouer au hockey »!

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À propos de cette étude

L'essai clinique de phase 3 « INTense Exercise foR surVivAL Among Men With Metastatic Castrate-Resistant Prostate Cancer » sera présenté à Chicago le 4 juin 2016 lors du congrès annuel de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO). Résumé : abstracts.asco.org TPS5092 (163966). Le Dr Fred Saad (Centre de recherche du CHUM et Université de Montréal, Canada) et le Pr. Robert Newton (Exercice Medicine Research Institute, Edith Cowan University, Australie) sont les cochercheurs principaux de cette étude financée par la Fondation Movember. Collaborateurs principaux : Université de Californie (États-Unis), Université Edith Cowan (Australie), King's Collège de Londres (Grande-Bretagne) et le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (Canada). Numéro d'enregistrement : NCT02730338. Pour informations ou pour participer à cette étude, consultez ClinicalTrials.gov : https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT02730338?term=INTERVAL+and+prostate+cancer&rank=2

À propos du CRCHUM

Le Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM) est l'un des plus importants centres de recherche en milieu hospitalier en Amérique du Nord. Notre mission est d'améliorer la santé chez l'adulte grâce à un continuum de recherche allant des sciences fondamentales à la santé des populations, en passant par la recherche clinique. Plus de 1 950 personnes travaillent au CRCHUM, dont 439 chercheurs et 700 étudiants et stagiaires de recherche. http://crchum.chumontreal.qc.ca/

À propos de l'Université de Montréal

Montréalaise par ses racines, internationale par vocation, l'Université de Montréal compte parmi les plus grandes universités dans le monde et notamment au sein de la francophonie. Elle a été fondée en 1878, et compte aujourd'hui 16 facultés et écoles. Elle forme avec ses deux écoles affiliées, HEC Montréal et Polytechnique Montréal, le premier pôle d'enseignement supérieur et de recherche du Québec et l'un des plus importants en Amérique du Nord. L'Université de Montréal réunit 2 500 professeurs et chercheurs et accueille plus de 60 000 étudiants. http://www.umontreal.ca/

Source : Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM)

Informations :

Isabelle Girard
Conseillère en information, CRCHUM
514-890-8000 #12725
Isabelle.girard.chum@ssss.gouv.qc.ca | @CRCHUM


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