image: Human cell, whose microtubules forming the cytoskeleton radiate from the centrosome, their organizing center constituted of 4 centrioles (the 4 cylinders). view more
Credit: © UNIGE
Les cellules sont constituées de minuscules compartiments, les organites, qui ont des structures et des rôles précis. Pouvoir observer ces structures représente un énorme défi et permettrait de mieux appréhender le fonctionnement cellulaire. Or, jusquà présent, la microscopie à fluorescence noffrait pas de résolution suffisante pour obtenir une visualisation détaillée de lultrastructure des organites. Aujourdhui, des chercheurs de lUniversité de Genève (UNIGE) ont réussi à agrandir des échantillons biologiques sans les déformer et à en révéler des détails à une échelle nanométrique, soit du millionième de millimètre. Une résolution inégalée en microscopie optique. Décrite dans la revue Nature Methods, cette nouvelle technique permet de visualiser larchitecture et la composition des organites, ainsi que celles de complexes protéiques de natures diverses. Des modifications biochimiques présentes sur leurs composants peuvent également être détectées dans un contexte tridimensionnel, à des fins de cartographie.
Tout a commencé grâce à des couches pour bébé. Edouard Boyden, professeur au Massachusetts Institute of Technology, a eu lidée de détourner les propriétés de leur composant, lacrylate de sodium, à des fins de recherche. «Il y a trois ans, Edouard Boyden a mis au point une méthode qui permet denrober les structures cellulaires dun mélange dacrylate de sodium et dacrylamide, une substance chimique qui se forme notamment lors du brunissement des frites. Il a ensuite marqué les cibles à observer avec des molécules fluorescentes avant de faire gonfler le tout avec de leau. Les cibles devaient être détruites, mais il était possible de visualiser leur pourtour fluorescent avec une bonne résolution, grâce à lagrandissement obtenu», explique Paul Guichard, professeur au Département de biologie cellulaire de la Faculté des sciences de lUNIGE.
Préserver larchitecture de la cellule
Le biologiste genevois sintéresse à la formation et au fonctionnement des organites, des structures cellulaires qui remplissent des tâches précises. Les mitochondries, centrales énergétiques de la cellule, ou le centrosome, à partir duquel se constitue le squelette cellulaire, en font partie. «Nous avons cherché à savoir sil était possible dadapter cette technique pour observer des organites sans devoir les détruire, et les agrandir sans les déformer», note Virginie Hamel, chercheuse au Département de biologie cellulaire et coresponsable de létude.
En collaboration avec des chercheurs de lUniversité de Würzburg en Allemagne, les biologistes ont modifié la méthode, testé de nouvelles conditions et analysé les images obtenues avec différentes techniques. Ils ont finalement trouvé la bonne recette, qui permet de gonfler léchantillon biologique tout en le maintenant dans son état originel, sans fixation chimique préalable pouvant le dénaturer. «Les cellules subissent une expansion progressive et leurs composants se séparent les uns des autres tout en sagrandissant. Larchitecture des différents éléments est préservée et il devient possible de les observer avec une résolution jamais atteinte en microscopie optique», détaille Davide Gambarotto, chercheur au sein du groupe genevois et premier auteur de létude.
Localiser les protéines qui constituent lorganite
Baptisée Ultrastructure Expansion Microscopy (U-ExM), leur technique permet de révéler des détails cellulaires à léchelle nanométrique, qui nétaient visibles quen microscopie électronique. «La microscopie électronique ne permet toutefois pas de localiser les protéines qui composent les éléments observés. Notre méthode combine lavantage de la microscopie à fluorescence pour détecter des molécules, et la haute résolution pour visualiser la structure fine des organites ou des macromolécules», explique Virginie Hamel.
Les images de centrosomes obtenues en trois dimensions sont supérieures à celles dérivant de techniques distinguées par le Prix Nobel 2014 et permettent même de détecter des modifications biochimiques sur les molécules qui composent les organites. «Il devient désormais possible de cartographier de gros complexes moléculaires intracellulaires. Cette méthode pourrait également être utilisée pour dévoiler des signatures de processus pathologiques au cur même de la cellule», conclut Paul Guichard.
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Journal
Nature Methods