image: Representation of the separase-secretin and separase-CCC complexes, with artistic representation of the DNA in the background. Separase releases the two arms of the chromosomes during cell division. view more
Credit: © UNIGE
Au cours de la division cellulaire, les chromosomes sont dupliqués et séparés de manière à ce quune copie de chaque chromosome soit héritée par chacune des deux cellules filles émergentes. La bonne répartition des chromosomes exige une grande précision et les défauts de ce processus peuvent provoquer une distribution aberrante des chromosomes et faciliter le développement de cancer. En analysant la structure de la protéine responsable de la séparation des chromosomes, une équipe internationale, dirigée par des scientifiques de lUniversité de Genève (UNIGE), a mis en lumière les mécanismes contrôlant cet acteur essentiel de la division cellulaire. Ce travail est publié dans la revue Nature.
Avant de se diviser, la cellule duplique son ADN et passe de chromosomes simples à un bras à des chromosomes doubles à deux bras identiques reliés entre eux par un complexe protéique en forme danneau: la cohésine. Les deux bras sont ensuite séparés par laction dun ciseau moléculaire la séparase qui coupe une sous-unité du complexe cohésine pour ouvrir lanneau. Une fois les chromosomes séparés, la cellule se divise et donne naissance à deux cellules filles identiques. Le clivage de la cohésine par la séparase est hautement régulé et ne doit se produire quà un moment très précis du cycle cellulaire. Pour ce faire, plusieurs protéines inhibitrices bloquent indépendamment lactivité de la séparase jusquau moment où les chromosomes doivent être séparés. Cependant, et jusquà présent, les mécanismes moléculaires par lesquels les inhibiteurs contrôlent lactivité de la séparase sont restés insaisissables.
La microscopie électronique à haute résolution utilisée pour révéler les mécanismes de régulation
Dans cette étude menée par léquipe dAndreas Boland, professeur au Département de biologie moléculaire de la Faculté des sciences de lUNIGE, les scientifiques ont utilisé la microscopie électronique cryogénique (cryoEM). «Cette technique nous permet dobserver des échantillons biologiques à très haute résolution, tout en les maintenant dans leur état naturel», explique Jun Yu, chercheur au Département de biologie moléculaire et premier auteur de cette étude.
Grâce à cette méthode, ils ont pu déterminer plusieurs structures de la séparase humaine en complexe avec un de ses inhibiteurs, ce qui a révélé de nouveaux mécanismes de régulation de lenzyme. «Il savère que ces inhibiteurs occupent des sites qui reconnaissent également le substrat cohésine, bloquant laction de clivage des ciseaux moléculaires», explique Andreas Boland.
Inhiber une protéine en changeant sa conformation
Si lun des inhibiteurs, la sécurine, se lie directement au ciseau moléculaire pour bloquer son site actif, un autre inhibiteur le complexe CCC agit par un mécanisme plus sophistiqué. En se liant à la périphérie de la séparase, le complexe CCC induit un changement de conformation de la séparase elle-même. En conséquence, les boucles de la séparase habituellement flexibles et désordonnées sont réorganisées dans une position fixe, conduisant à une auto-inhibition de lenzyme.
«Notre travail contribue de manière significative à la compréhension des mécanismes qui régulent lactivation de la séparase et pourrait aider à concevoir de nouvelles thérapies anticancéreuses», conclut Andreas Boland.
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Journal
Nature