Les origines de lautisme demeurent un mystère. Quelles sont les régions du cerveau touchées par la maladie et à quel moment les premiers signes de cette dernière se manifestent-ils? Les résultats dune nouvelle étude publiée dans la revue Biological Psychiatry permettent maintenant aux scientifiques de mieux comprendre les mécanismes pathologiques de lautisme et le moment où la maladie commence à prendre forme dans le cerveau humain. Forts de ces nouvelles connaissances, les spécialistes pourront intervenir plus rapidement et obtenir de meilleurs résultats chez les enfants autistes.
Les scientifiques ont eu recours à un type dimagerie par résonance magnétique (IRM) appelé « IRM de diffusion » afin de mesurer la connectivité cérébrale chez 260 nourrissons à lâge de 6 et de 12 mois. Ces enfants étaient exposés à un risque faible ou élevé dautisme. En mesurant la longueur et la force des connexions entre diverses régions du cerveau, les chercheurs ont estimé lefficacité des réseaux, paramètre qui permet de déterminer dans quelle mesure chaque région est connectée aux autres. Les résultats dune étude précédente réalisée chez des enfants de 24 mois avaient permis de conclure que lefficacité des réseaux chez les enfants autistes était plus faible dans les régions du cerveau intervenant dans le langage et dautres comportements liés à lautisme. La présente étude visait à déterminer la précocité de lapparition de ces anomalies.
John Lewis, auteur principal de létude et chercheur à lInstitut et hôpital neurologiques de Montréal de lUniversité McGill et au Centre Ludmer en bioinformatique et santé mentale, a découvert que des altérations de lefficacité des réseaux existaient déjà chez des nourrissons de six mois chez qui un diagnostic dautisme avait par la suite été posé. Ces altérations touchaient le cortex auditif. Il a également découvert que limportance des altérations observées à six mois était corrélée à la gravité des symptômes autistiques à 24 mois. Lorsque les enfants vieillissaient, limportance des altérations de lefficacité observées dans les régions cérébrales responsables de la vision et du toucher ainsi que dans un plus grand nombre de régions intervenant dans laudition et le langage était également corrélée à la gravité des symptômes.
Il est important de déceler les tout premiers signes de lautisme, car le diagnostic peut alors être posé avant lapparition des modifications du comportement, ce qui permet dintervenir plus rapidement et daccroître les chances dobtenir de meilleurs résultats. Le fait davoir découvert que les dysfonctionnements neuronaux liés à lautisme surviennent dabord dans les régions du cerveau qui participent au traitement des informations sensorielles permet aux chercheurs de restreindre le nombre de facteurs et de mécanismes génétiques susceptibles de causer la maladie. La présence de signes neurologiques dès lâge de six mois permet également dexclure certains facteurs environnementaux des causes possibles de la maladie.
« Notre objectif était de déterminer le moment et lendroit où les altérations de lefficacité des réseaux cérébraux se manifestent en premier lieu », souligne John Lewis. « Les résultats que nous avons obtenus indiquent quil existe des anomalies dès lâge de six mois dans le cerveau des nourrissons qui présenteront plus tard un trouble du spectre de lautisme, et que ces anomalies précoces touchent les régions participant au traitement des informations sensorielles et non dans les régions intervenant dans les fonctions cognitives supérieures. Nous espérons que les résultats de notre étude permettront de mieux comprendre les mécanismes à lorigine du trouble du spectre de lautisme et de mettre au point des interventions efficaces. »
Ces travaux ont été réalisés dans la foulée de lInfant Brain Imaging Study (IBIS), une initiative conjointe coordonnée par des chercheurs de lInstitut neurologique de Montréal et de quatre établissements cliniques situés aux États-Unis visant à réaliser une étude longitudinale reposant sur lanalyse de données comportementales et dimagerie cérébrale obtenues chez des nourrissons exposés à un risque élevé dautisme.
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Ces travaux ont été financés par une subvention des Instituts nationaux de la santé des États-Unis, par le Programme de recherche en neurodéveloppement de la Fondation Azrieli en partenariat avec lInitiative de recherche regroupant plusieurs chercheurs de la Fondation Brain Canada ainsi que par des subventions dAutism Speaks, de la Simons Foundation, de la Fondation canadienne pour linnovation, du gouvernement du Québec, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, du Fonds de recherche du Québec Nature et technologies et de la Fondation Marcelle et Jean Coutu.
À propos de lInstitut et hôpital neurologiques de Montréal (le Neuro)
LInstitut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro, est un chef de file mondial dans le domaine de la recherche sur le cerveau et des soins de pointe. Depuis sa création en 1934 par le célèbre neurochirurgien Dr Wilder Penfield, le Neuro connaît une croissance inégalée qui en fait le plus grand établissement de recherche et de soins cliniques spécialisé en neurosciences au Canada, et lun des plus importants sur la scène internationale. Lintégration féconde de la recherche, des soins aux patients et de la formation par les plus éminents spécialistes à léchelle mondiale placent le Neuro dans une position unique en matière de connaissance et de traitement des affections du système nerveux. En 2016, le Neuro est devenu le premier institut au monde à adhérer complètement à la philosophie de la science ouverte, ce qui a donné naissance à lInstitut de science ouverte Tanenbaum. LInstitut neurologique de Montréal est un institut de recherche et denseignement de lUniversité McGill. LHôpital neurologique de Montréal fait partie de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site Web http://www.theneuro.ca.
Journal
Biological Psychiatry