Les aérosols sont un ensemble de fines particules, biologiques ou autres, en suspension dans un milieu gazeux. Ils jouent un rôle capital dans la formation des nuages, et donc sur les modèles climatiques. Ils sont toutefois extrêmement difficiles à étudier, du fait de la petite taille et de limmense variété des particules qui les composent. Des chercheurs de lUniversité de Genève (UNIGE) ont pourtant réussi à relier la composition des aérosols organiques, et donc leur influence sur le climat, à celle des masses deau de locéan Atlantique lors de lexpédition PlanetSolar Deepwater. Ils ouvrent ainsi la voie à une étude détournée de ces aérosols à travers lanalyse de leau. Cette recherche, à lire dans Scientific Reports, permettra daccroître la précision des modèles climatiques.
Les aérosols sont de fines particules en suspension dans lair. Au-dessus des océans, certaines dentre elles contiennent des composés organiques ou biologiques (bactéries, produits de dégradation dalgues microscopiques) qui proviennent des embruns, dautres sont transportées dans les airs (poussières minérales, fumées). Elles servent de germes pour la formation des nuages et réfléchissent également la lumière. Comprendre leur rôle est ainsi extrêmement important pour la modélisation des nuages, et donc pour le climat en général. Pourtant, de par la petite taille des particules et leur grande quantité, il est difficile de les étudier avec précision. Les chercheurs de lUniversité de Genève (UNIGE) se sont alors demandés sil serait possible de caractériser les aérosols biologiques grâce à la composition de leau de laquelle ils émanent.
«Pour répondre à cette question, nous avions besoin de deux outils», explique Jérôme Kasparian, professeur au Département de physique appliquée de la Faculté des sciences de lUNIGE. «Le premier est un détecteur de fluorescence que nous avons conçu, nommé Biobox, et qui permet danalyser une par une les particules des aérosols. Le spectre nous donne ainsi des informations sur leur composition et distingue les particules organiques, qui sont fluorescentes, des autres particules. Ensuite, nous avions besoin de PlanetSolar». En effet, cette recherche ne pouvait se faire que sur une longue période et sans perturbation de leau ni de lair. Seul le bateau PlanetSolar, en mer durant trois mois et qui ne produit aucune émission lors de ses déplacements, rendait cette opération possible.
Lors de cette expédition, les scientifiques ont effectué des analyses de la salinité, de la température, de loxygène dissout et des micro-algues contenues dans les diverses masses deau de lAtlantique et ils ont comparé ces données à celles obtenues par la Biobox. «Et nous avons trouvé une concordance !», sexclame Jérôme Kasparian. En effet, les physiciens ont découvert que les aérosols organiques sont liés à la température et à la salinité de la mer. Leau, en fonction des critères précédents, créée de grandes masses qui ne se mélangent pas entre elles, ce qui permet de les différencier. Ainsi, lorsque les caractéristiques dune masse deau ont été favorables à la reproduction de micro-algues, les chercheurs ont constaté quau bout dun certain laps de temps, les aérosols détectés au-dessus de cette même masse deau contenaient davantage de particules organiques. La fraction organique des aérosols est ainsi liée à lhistoire de lactivité biologique des masses deau proches de la surface. «Sous réserve que cela soit valable ailleurs que dans lAtlantique, notre lieu de recherche, ces résultats permettraient destimer les aérosols biologiques en étudiant directement les masses deau, ce qui simplifierait les mesures et accroitrait la précision des modèles climatiques», ajoute Jérôme Kasparian. Difficiles à étudier directement, les aérosols le sont à présent via la mer qui elle, peut être analysée facilement depuis les satellites.
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Scientific Reports