Lulvane est le principal composant des ulves, la « laitue de mer » responsable des marées vertes. Des chercheurs de la station biologique de Roscoff (CNRS/Sorbonne Université), et leurs collègues allemands et autrichiens, ont identifié une bactérie marine dont le système enzymatique permet de décomposer lulvane en source dénergie ou en molécules dintérêt pour lagro-alimentaire ou les cosmétiques. Douze enzymes ont ainsi été découvertes et elles constituent autant doutils pouvant transformer ce polysaccharide sous-exploité en une ressource renouvelable. Ces travaux sont publiés le 8 juillet 2019 dans Nature Chemical Biology.
Les ulves sont des macro-algues vertes comestibles naturellement présentes sur nos côtes (la fameuse « laitue de mer »). Ces algues peuvent brutalement proliférer en raison de lexcès de nutriments issus des activités humaines et provoquer le dépôt dénormes masses sur les plages. Ces phénomènes, dits de marées vertes, ont un impact négatif sur la qualité des environnements concernés et sur le tourisme.
Les ulves constituent cependant un réservoir de biomolécules aux propriétés prometteuses. Cest le cas de lulvane, le principal sucre constitutif de la paroi des Ulves. Mais lexploitation biotechnologique de lulvane est actuellement difficile en raison de la méconnaissance de ses mécanismes de dégradation.
Dans ce contexte, un consortium international, impliquant le Laboratoire de biologie intégrative des modèles marins de la station biologique de Roscoff (CNRS/Sorbonne Université), les universités de Brême et de Greifswald (Allemagne) et luniversité technique de Vienne (Autriche), a découvert et caractérisé la voie de dégradation complète de lulvane chez la bactérie marine Formosa agariphila. Chez cette bactérie, douze enzymes agissent séquentiellement pour convertir lulvane en sucres fermentescibles, qui pourraient servir de base à la production de bioéthanol. Léquipe française du consortium a notamment étudié un type particulier de ces enzymes, les sulfatases, et déterminé leurs structures 3D.
Au-delà de la production dénergie, ces enzymes permettent aussi dobtenir dautres types de molécules bioactives, plus complexes et à plus forte valeur ajoutée que de simples sucres fermentescibles. Ces travaux ouvrent ainsi la voie à lexploitation biotechnologique de lulvane, en particulier pour lindustrie agro-alimentaire et cosmétique, transformant une biomasse considérée « nuisible » en ressource durable.
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Journal
Nature Chemical Biology