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L'alternative aux phtalates : vraiment sécuritaire?

Une étude du CUSM suggère l'évaluation plus approfondie de l'innocuité du plastifiant DINCH

Peer-Reviewed Publication

McGill University Health Centre

image: This is Dr. Vassilios Papadopoulos, researcher in the Experimental Therapeutics and Metabolism Program of the Research Institute of the McGill University Health Centre. view more 

Credit: McGill University Health Centre

Ce communiqué est disponible en anglais.

16 juin 2015 - Le DINCH, un plastifiant couramment utilisé que l’on retrouve dans différents articles en contact avec le public, tels que les dispositifs médicaux, les jouets pour enfants ou encore l’emballage alimentaire, a été placé « sous la loupe » d’une équipe de chercheurs montréalais. Selon une nouvelle étude publiée par l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), les métabolites du DINCH auraient des effets biologiques sur les processus métaboliques de modèles animaux lors d'expériences réalisées in vitro. Ces résultats, publiés dans la revue Environmental Research, pourraient avoir d’importantes répercussions compte tenu de l'utilisation croissante et élargie du DINCH présentée ces dernières années comme une alternative sécuritaire de substitution aux phtalates.

« C’est la première étude, basée sur des données obtenues in vitro, qui démontre l’effet biologique perturbateur de MINCH, un métabolite du plastifiant DINCH, sur le métabolisme des mammifères, affirme l’auteur principal de l’étude, le Dr Vassilios Papadopoulos, chercheur du programme de Thérapeutique expérimentale et de métabolisme de l’IR-CUSM et professeur de médecine à l’Université McGill. D’autres recherches doivent être menées, en particulier pour évaluer l’effet de plus faibles doses de MINCH que celles utilisées dans les études existantes et pour conduire d’autres études sur différents tissus. »

Les inquiétudes en santé publique au sujet des plastifiants ont suscité de vifs débats dans les milieux scientifiques, juridiques et médiatiques ces dernières années. Depuis dix ans, certains phtalates, qui font partie des plastifiants les plus connus, sont limités ou même interdits dans les produits pour enfants en Amérique du Nord et dans de nombreux pays d’Europe, en raison de leurs effets sur la santé reproductive. Le DINCH (1,2-cyclohexanedicarboxylic acid, diisononyl ester), qui a été développé comme substitut des phtalates interdits ou fortement limités dans de nombreux usages, est approuvé et certifié par de nombreuses autorités et institutions à travers le monde. Comparativement à la quantité de littérature disponible sur les phtalates, il n’y a eu aucune étude révisée par des pairs sur les effets possibles du DINCH et de ses métabolites sur le métabolisme, à part une revue critique (Bhat et al. 2014) et des rapports des organismes de régulations.

En l'absence de données biologiques et biochimiques disponibles dans la littérature scientifique, l’équipe de chercheurs qui travaille sur les phtalates depuis des années, a décidé d’évaluer les effets du DINCH et de deux de ses métabolites (le CHDA et le MINCH) dans des expériences in vitro sur des cellules du tissu adipeux chez le rat. En fait, les chercheurs ont d’abord utilisé le DINCH comme produit témoin, car il était présenté comme étant un produit sécuritaire. Ils ont constaté que l’action du metabolite MINCH était similaire à celle du phtalate MEHP. L’étude révèle que le MINCH agit comme un perturbateur métabolique, car il nuit à la différenciation des tissus adipeux, c’est-à-dire le mode de fabrication des graisses dans l’organisme. Les chercheurs ont également observé que l’effet du MINCH sur des modèles in vitro est médié par un récepteur qui intervient dans le système métabolique, comme c’est le cas pour les phtalates. Les chercheurs ont ainsi pu déduire que le MINCH pourrait potentiellement nuire au système métabolique des mammifères.

« Il est actuellement difficile de déterminer si l’exposition au DINCH représente un risque pour la santé humaine; nous devons mener plus de recherches sur des modèles in vivo. »

« Nous savons que l'industrie respecte la réglementation stricte pour ses produits, qui sont imposées par les gouvernements, ajoute-t-il. Cependant la science évolue à mesure que de nouvelles technologies deviennent disponibles, conduisant à des changements de réglementations. Ce processus d’évolution basé une science éclairée qui vise la sécurité de la population, a conduit à la réévaluation de composés autrefois jugés sans danger (tels que les phtalates, le biphénol A, et de nombreux autres médicaments), et leur utilisation limitée ou interdite.»

Selon les chercheurs, puisque nous sommes exposés aux plastiques tout au long de notre vie et que nous y sommes plus sensibles à certaines périodes, notamment pendant la vie fœtale, il faudrait procéder à une évaluation plus approfondie des effets de ce plastifiant.

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Au sujet de l'article

L'article "Cyclohexane-1,2-dicarboxylic acid diisononyl ester and metabolite effects on rat epididymal stromal vascular fraction differentiation of adipose tissue"

(doi:10.1016/j.envres.2015.03.036) apparaît dans le journal Environmental Research, Volume 140, Juillet 2015, publié par Elsevier. Il a été co-écrit par Enrico Campoli (Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, Canada; département de médecine, Université McGill, Montréal, Québec, Canada), Tam B. Duong (Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, Canada), François Deschamps (Synthèse AptoChem Inc., Montréal, Québec, Canada) et Vassilios Papadopoulos (Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, Canada; département de médecine, Université McGill, Montréal, Québec, Canada; département de biochimie, Université McGill, Montréal, Québec, Canada; département de pharmacologie et de thérapeutique, Université McGill, Montréal, Québec, Canada).

Financement

Cette recherche a été rendue possible grâce à une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et une chaire de recherche du Canada en pharmacologie biochimique. L'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill est soutenu par le Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQS).

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Renseignements

Julie Robert
Affaires publiques et Planification stratégique
Centre universitaire de santé McGill
514 934 1934, poste 71381
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