Montréal, le 11 juin 2019 Des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de lUniversité de Montréal (CRCHUM) ont mis au point une combinaison thérapeutique en deux étapes pour éliminer des cellules cancéreuses. Dans une étude publiée dans la revue Nature Communications, ils démontrent sur des cellules de patientes atteintes du cancer de lovaire la plus grande efficacité thérapeutique de ce « crochet suivi dun uppercut », basé sur la manipulation de létat du vieillissement cellulaire.
Avec le temps, nos cellules vieillissent et entrent dans une phase appelée sénescence cellulaire. Ces cellules dites sénescentes ne prolifèrent plus, saccumulent dans le corps et sont responsables du développement de maladies comme le cancer. Depuis quelques années, la communauté scientifique essaie de guérir ces pathologies liées au vieillissement en éliminant de façon ciblée les cellules sénescentes.
« Dans le cas du cancer épithélial de lovaire (CEO) cancer de lovaire le plus courant et le plus mortel , nous agissons en deux temps. En premier lieu, nous forçons le vieillissement prématuré des cellules cancéreuses, soit la sénescence. Cest le crochet thérapeutique. Puis, nous lançons notre traitement uppercut par sénolyse pour causer leur mort et leur élimination. Cette stratégie exige une excellente coordination des deux étapes », explique Francis Rodier, chercheur au CRCHUM et professeur à lUniversité de Montréal.
Léquipe de chercheurs, menée par Francis Rodier et sa collègue Anne-Marie Mes-Masson, a découvert que les cellules du CEO entrent en sénescence à la suite dune chimiothérapie avec les inhibiteurs de PARP. Les PARP sont des enzymes qui participent à la réparation des dommages causés à lADN. En les bloquant, les inhibiteurs de PARP empêchent les cellules cancéreuses de réparer leur ADN, stoppent leur prolifération et causent leur vieillissement prématuré.
« Grâce à notre approche crochet-uppercut, nous sommes parvenus à éliminer les cellules sénescentes du CEO sur des modèles précliniques de cancer de lovaire. Notre approche pourrait améliorer lefficacité de la chimiothérapie avec les inhibiteurs de PARP et contrecarrer la résistance systématique qui se développe avec ce traitement », dit Anne-Marie Mes-Masson, chercheuse au CRCHUM et professeur à lUniversité de Montréal.
Futurs essais cliniques en vue ?
« Notre étude a été faite à partir de cellules tirées de notre biobanque déchantillons de patientes du CHUM atteintes du cancer de lovaire. Celles-ci ont consenti à participer à la recherche et à nous laisser archiver leurs échantillons biologiques. Notre stratégie crochet-uppercut a aussi pu être testée sur des modèles précliniques des cancers ovariens et du sein ce qui a permis den valider lefficacité », précise-t-elle.
Bien que les résultats de cette étude serviront à proposer des essais cliniques sur les cancers de lovaire et du sein triple négatif, il est essentiel pour Francis Rodier de rappeler quils ont utilisé des modèles précliniques où le système immunitaire était absent. « Compte tenu de limportance de la réponse immunitaire chez lêtre humain, il faudra continuer à évaluer notre stratégie dans un contexte plus proche de la réalité biologique. »
Selon la Société canadienne du cancer, 2800 Canadiennes ont reçu un diagnostic de cancer de lovaire en 2017 et 1800 en sont décédées. En Amérique du Nord, il représente la 5e cause de décès.
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Ces travaux ont été financés par lInstitut du Cancer de Montréal ; les Instituts de recherche en santé du Canada, lInstitut de recherche Terry Fox ; la Société de recherche sur le cancer en partenariat avec Cancer de lovaire Canada et le Fonds de recherche du Québec Santé.
À lire : Exploiting interconnected synthetic lethal interactions between PARP inhibition and cancer cell reversible senescence par Hubert Fleury et al. dans Nature Communications DOI : 10.1038/s41467-019-10460-1
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