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Jugement des visages par les personnes autistes : une question de perception ?

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Ce communiqué est disponible en anglais.

MONTRÉAL, le 26 novembre 2014 - A-t-il l'air gentil ? Intelligent ? Têtu ? Nous basons fréquemment notre jugement d'une personne à partir d'une simple observation de son visage. Chez les personnes atteintes du trouble du spectre de l'autisme (TSA) une analyse des traits du visage pourrait expliquer des jugements différents en comparaison avec les personnes non-autistes. Telle est la conclusion d'une étude franco-canadienne à laquelle des chercheurs de l'Hôpital Rivière-des-Prairies, affilié à l'Université de Montréal ont participé.

« L'évaluation du visage d'un individu est un processus rapide qui influence nos relations ultérieures avec cet individu », explique Baudouin Forgeot d'Arc, premier auteur de l'étude et chercheur à l'Hôpital Rivière-des-Prairies et à l'Institut universitaire de santé mentale de Montréal. « En étudiant ces jugements, nous voulions mieux comprendre comment les personnes avec TSA utilisent les traits du visage comme des indices. Ont-ils besoin de plus d'indices pour pouvoir faire le même jugement ? » se questionne le professeur adjoint de clinique à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal

Les chercheurs ont présenté trente-six paires de photos et d'images de synthèse aux groupes contrôle et TSA répartis en sous-groupes en fonction de leur âge : enfants (âge moyen : 10 ans) et adultes (âge moyen : 32 et 34 ans). Afin d'évaluer leur jugement social, les participants devaient indiquer parmi ces visages, émotionnellement neutres, ceux qui leur paraissaient les plus « gentils ».

Résultats

Lors de la présentation des photographies de visages neutres, les jugements des participants avec TSA étaient hétérogènes comparativement aux participants du groupe contrôle : les choix des personnes avec TSA n'étaient pas prévisibles d'un participant à l'autre. En revanche, les chercheurs n'ont trouvé aucune différence entre les groupes lorsqu'ils regardaient des images de synthèse, pourtant créées d'après les caractéristiques des photographies présentées précédemment. De plus, lorsque les paires d'images de synthèse contenaient moins d'indices utiles au jugement - des traits de visage moins marqués - les résultats des deux groupes de participants étaient influencés de la même façon par cette difficulté.

Les résultats identiques des deux groupes lorsqu'ils visionnent des images de synthèse suggèrent que ce n'est pas le processus de jugement lui-même qui est différent : juger si une personne semble plus « gentille » qu'une autre peut être fait de façon similaire par les participants avec ou sans TSA. En revanche, les différences observées lorsqu'ils regardent des photographies portent à croire que la façon dont ils recueillent les informations sur les visages est déterminante.

« Nous voulons à présent comprendre en quoi le recueil des indices qui sous-tendent ces jugements est différent entre les personnes avec et sans TSA selon qu'ils regardent des images de synthèse ou des photos. À terme, mieux comprendre comment les personnes avec TSA perçoivent et analysent l'environnement social, c'est pouvoir mieux interagir avec elles.» conclut Dr Forgeot d'Arc.

Cette recherche a été réalisée en collaboration avec une équipe de l'Hôpital Robert-Debré à Paris qui a recruté soixante et onze individus, un groupe contrôles (n = 38) et un groupe avec TSA (n = 33), sans déficience intellectuelle.

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A propos de cette étude

Baudouin Forgeot d'Arc est chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et à l'Hôpital Rivière-Des-Prairies. Il est affilié au Centre d'excellence en troubles envahissants du développement de l'Université de Montréal.

Ses collaborateurs français (Franck Ramus, Aline Lefebvre, Delphine Brottier, Tiziana Zalla, Sanaa Moukawane, Frédérique Amsellem, Laurence Letellier, Hugo Peyre, Marie-Christine Mouren, Marion Leboyer et Richard Delorme) sont chercheurs à l'Ecole normale supérieure (Paris, France), à l'Hôpital Robert-Debré (Paris, France) et à l'INSERM U955 (Créteil, France).


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