image: Allegorical comic strip to better understand what is an exciton. view more
Credit: ©EPFL Scipt: Sarah Perrin Illustrations: Xurxo- Adrian Entenza
Lexciton pourrait pourtant bien révolutionner la manière dont on conçoit lélectronique. Une équipe de chercheurs de lEPFL a mis au point un transistor soit lun des composants dun circuit - basé sur ces particules plutôt que sur les électrons. Surtout, ils ont pu pour la première fois le faire fonctionner et en démontrer lefficacité à température ambiante, levant ainsi la contrainte principale de ce genre de dispositif. Un succès qui est notamment dû au choix de deux matériaux 2D en guise de semi-conducteurs. Publiée aujourdhui dans le journal Nature, cette découverte ouvre la voie à une panoplie de nouvelles possibilités en excitonique, un domaine qui, après ceux de la photonique et de la spintronique, savère des plus prometteurs.
« Nos travaux ont démontré quen manipulant les excitons, nous nous trouvions tout simplement face à une manière alternative de faire de lélectronique, décrit Andras Kis, qui dirige le Laboratoire d'électronique et structures à l'échelle nanométrique de lEPFL (LANES). Nous sommes à lorée dun champ totalement novateur, dont nous ne mesurons pas encore toute létendue ».
Cette découverte devrait mener à la création de dispositifs optoélectroniques plus économes en énergie, plus rapides et plus compacts que les instruments actuels. Il sera également possible dassocier, dans le même appareil, transmission optique et système de traitement électronique des données, minimisant ainsi le nombre dopérations et augmentant donc lefficacité des systèmes.
Degré dénergie supérieur
Un exciton est ce que lon appelle une quasi-particule. Un terme qui est utilisé pour décrire non la matière elle-même, mais linteraction de particules en son sein. Dans le cas présent, il sagit dune paire composée dun électron et dun trou délectron. Celle-ci sobtient lorsque le premier absorbe un photon et passe ainsi à un degré dénergie supérieur. Ainsi «excité», lélectron laisse un trou dans le niveau dénergie précédent - que lon nomme bande de valence en théorie des bandes. Lui aussi une quasi-particule, ce trou désigne l'absence de lélectron en question dans cette bande.
Lélectron étant chargé négativement et le trou positivement, les deux particules restent toutefois liées par une force électrostatique. Appelée attraction de Coulomb, celle-ci tend à réunir lélectron et le trou. Cest dans cet état de tension et déquilibre quils forment, ensemble, un exciton. Lorsque lélectron retombe finalement dans le trou, il émet un photon.
Lexciton cesse alors dexister. Pour résumer, on peut donc dire quun photon entre au début du circuit et en ressort à lautre bout. Entre les deux, il donne naissance à un exciton, qui agit comme une particule.
Double réussite
Ce nest que récemment que les scientifiques se sont penchés sur les propriétés des excitons dans le contexte de circuits électroniques. Jusque-là, ils étaient considérés dune énergie trop ténue et dune durée de vie trop courte pour être véritablement intéressant dans un tel cadre. De plus, ils ne pouvaient se produire et être observés quà des températures extrêmement basses (au moins -173 oC).
Le coup de maître des chercheurs de lEPFL*, cest davoir trouvé le moyen de contrôler à la fois la durée de vie et la mobilité des excitons dans la matière. Ils y sont parvenus grâce à lutilisation de deux matériaux 2D, le tungsten diselenide (WSe2) et le disulfure de molybdène (MoS2). « En ces matières, les excitons se caractérisent par un lien électrostatique particulièrement fort et surtout, ils ne sont pas rapidement détruits à température ambiante », explique Andras Kis.
Les scientifiques ont utilisé le fait que lélectron se plaçait systématiquement dans la couche de MoS2 et le trou dans celle de WSe2, ce qui allongeait considérablement la durée de vie de lexciton. De plus, en collaboration avec deux chercheurs japonais**, ils ont pu la prolonger encore davantage en protégeant les couches semi-conductrices denvironnement par du nitrure de bore (BN).
« Nous créons ainsi des particules dun genre particulier, dont les deux parties sont séparées par un espace plus important que dans le cas des excitons traditionnels, décrit le chercheur. Le processus amenant à la recombinaison de lélectron et du trou et à la production de lumière est donc retardé. Cest ce moment, durant lequel les excitons fonctionnent plus longtemps comme un dipôle, qui rend possible de les contrôler et de les déplacer en utilisant un champ électrique. »
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*Dmitrii Unuchek, Alberto Ciarrocchi, Ahmet Avsar et Andras Kis.
** Takashi Taniguchi et Kenji Watanabe
Journal
Nature