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Le jeune enfant avec des épisodes répétés de respiration sifflante risque des séquelles pulmonaires

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Ce communiqué est disponible en anglais.

MONTRÉAL, Canada, le 7 mai 2014– Les enfants qui ont une respiration sifflante risquent de présenter des séquelles affectant le fonctionnement de leurs poumons dès l'âge de 6 ans, ont découvert des chercheuses du CHU Sainte-Justine et de l'Université de Montréal. Cette atteinte semble irréversible, même si les symptômes d'asthme semblent disparaître à l'âge scolaire chez plusieurs d'entre eux, du moins transitoirement. Les enfants présentant des symptômes répétés et assez importants pour consulter à l'urgence sont particulièrement à risque de voir leurs poumons affectés jusqu'à l'âge adulte jusqu'à la quarantaine, même s'ils ont vécu une période de rémission de leur asthme durant leur enfance ou l'adolescence. Les séquelles observées pourraient les prédisposer à une maladie pulmonaire obstructive chronique.

C'est ce que confirme une étude publiée dans The Lancet par les chercheuses et docteures Francine M. Ducharme et Sze Man Tse, qui ont fait une revue des études cliniques réalisées depuis 25 ans sur cette population. La respiration sifflante est un symptôme caractérisé par un bruit sifflant lors de la respiration. Près de 20 % à 25 % des enfants canadiens de moins de 6 ans en souffrent. Or ces enfants visitent l'urgence trois fois plus que tous les autres groupes d'âge, ce qui se traduit par au moins un séjour à l'urgence chaque année pour 2% à 4% de cette population, dont une bonne partie sera hospitalisée.

«Bien que le sifflement à répétition soit le plus souvent causé par l'asthme, le diagnostic représente un défi parce qu'avant 6 ans, ces enfants sont trop jeunes pour être soumis au test de fonction pulmonaire standard, c'est-à-dire la spirométrie, qui confirmerait le diagnostic», explique la Dre Ducharme. Or la période de 0 à 6 ans est clairement une période de vulnérabilité accrue, et c'est aussi le meilleur moment pour intervenir et possiblement prévenir les séquelles.

Séquelles en l'absence de traitement à long terme

Bien sûr, ces données traduisent l'évolution naturelle de l'asthme, car les adultes malades d'aujourd'hui sont les enfants d'il y a 20 ans à 40 ans, pour lesquels il existait peu de traitements efficaces à l'époque. « Notre étude démontre que le traitement le plus efficace chez ces jeunes enfants est l'utilisation à long terme de faible doses de corticostéroïdes inhalés. Par contre, il est inquiétant de voir qu'actuellement, peu de ces jeunes enfants reçoivent à long terme les traitements reconnus efficaces. Donc encore de nos jours, ils sont à risque de dommages à long terme aux poumons», prévient la Dre Ducharme.

L'importance du diagnostic

«Voilà pourquoi il importe de bien diagnostiquer les causes du sifflement chez l'enfant», explique la Dre Sze Man Tse. Car dans bien des cas, les enfants sont diagnostiqués à tort comme ayant des bronchites ou des pneumonies, alors qu'il s'agit d'asthme. Dans d'autres cas, par manque d'information, les médecins hésitent à prescrire le traitement à long terme, tout comme les parents hésitent à le donner. Si ces enfants étaient traités quotidiennement avec des corticoïdes inhalés, cela leur éviterait des séjours répétés à l'urgence et améliorerait leur qualité de vie et celle de leur famille. » Il reste à savoir si le traitement prévient les séquelles à long terme.

Une priorité en santé publique

Les facteurs de risque de sifflement à répétition sont sans contredit les facteurs génétiques, les rhumes, l'exposition au tabac et la prise de poids rapide dans la tendre enfance. «Des interventions précoces visant à réduire les séquelles pulmonaires à moyen et à long terme des épisodes de respiration sifflantes chez l'enfant devraient être une priorité de santé publique, renchérit la Dre Ducharme. Quand on sait que 48% des enfants d'âge préscolaire siffleront au moins une fois avant l'âge de 6 ans et qu'une bonne proportion sont mal diagnostiqués ou ne reçoivent pas le traitement par corticoïdes inhalés dont les preuves scientifiques ne sont plus à faire, on voit le coût important que ça représente pour le système de santé, sans compter le risque pour ces enfants d'être affectés durant toute leur vie et de manière irréversible.»

Effet préventif à long terme

Le CHU Sainte-Justine est l'un des quelques centres pédiatriques spécialisés au Canada qui suivent ces jeunes enfants avec des tests de fonction pulmonaires spécialisés pour les enfants de 3 ans et plus, ce qui permet d'ajuster la médication de façon plus précise. «Nous voyons la fonction pulmonaire de ces petits enfants s'améliorer avec le traitement, remarque la Dre Ducharme. Nous étudions présentement si l'administration d'un traitement par corticoïdes inhalés précoce et soutenu dans l'enfance, la réduction des infections virales et le contrôle de certains éléments environnementaux durant et après la grossesse pourraient avoir un effet préventif sur la survenue, la fréquence ou la persistance de l'asthme jusqu'à l'âge adulte. Ces études examineront aussi l'impact de ces interventions sur les coûts de santé.»

Au sujet des chercheuses

La Dre Francine Ducharme est chercheuse, pédiatre et directrice de l'Unité de recherche et de transfert des connaissances sur l'asthme pédiatrique au CHU Sainte-Justine. Elle est aussi Professeure titulaire au Département de pédiatrie et au Département de médecine sociale et préventive de l'Université de Montréal. La Dre Sze Man Tse est pneumologue pédiatrique et chercheuse au CHU Sainte-Justine.

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