Les chercheurs sattendent à ce que leur approche donne une nouvelle impulsion dans le champ de la médecine régénérative et facilite le développement de thérapies cellulaires. Ils publient leurs résultats aujourdhui dans la revue scientifique Cell (DOI : https://doi.org/10.1016/j.cell.2019.01.040).
Les cellules qui constituent nos organes proviennent toutes de cellules souches. Celles-ci produisent des cellules qui vont se différencier, devenir des cellules spécifiques et former par exemple le cerveau, les poumons ou la moelle osseuse. Cependant, avec lâge, les cellules souches perdent leur capacité à proliférer. Beaucoup dentre elles entrent dans un état de dormance permanent.
Afin de créer des modèles informatiques aussi représentatifs que possible du comportement des cellules souches, le groupe de recherche Computational Biology du LCSB, mené par le professeur Antonio del Sol, a utilisé une nouvelle approche. « Les cellules souches vivent dans une niche, un environnement très complexe dans lequel elles interagissent constamment avec dautres cellules et avec différentes substances extracellulaires. Il est extrêmement difficile de modéliser par ordinateur lensemble de ces interactions moléculaires. Nous avons donc changé de perspective. Nous avons arrêté de penser aux facteurs externes qui affectent les cellules souches, et commencé à nous concentrer sur ce qui se passe à lintérieur dune cellule souche dans une niche donnée. »
Cette approche innovante a conduit à un nouveau modèle informatique développé par Dr Srikanth Ravichandran, membre du groupe Computational Biology : « Notre modèle peut déterminer quelles protéines sont responsables de létat fonctionnel dune cellule souche donnée dans sa niche, cest-à-dire si elle va se diviser ou rester en dormance. Pour cela, le modèle sappuie sur des informations sur les gènes qui sont transcrits. Les technologies de la biologie cellulaire moderne permettent en effet de décrire lexpression des gènes à léchelle dune seule cellule. »
Jusquà présent, on ne savait pas pourquoi la plupart des cellules souches dans le cerveau des souris âgées restent dans un état de dormance. Grâce à leur modèle, les chercheurs du LCSB ont identifié une molécule, appelée sFRP5, qui garde les cellules souches neurales inactives chez ces souris, et empêche leur prolifération en bloquant la voie de signalisation Wnt, cruciale pour la différenciation cellulaire.
Une cure de rajeunissement pour les cellules
Par la suite, le Deutsches Krebsforschungszentrum (DKFZ) a mis à profit sa longue expérience en matière de cellules souches neurales pour valider expérimentalement les prévisions informatiques. Lorsque laction de sFRP5 a été neutralisée dans des cellules souches dormantes, dabord in vitro et plus tard directement chez les souris, celles-ci ont en effet commenceé à proliférer plus activement. Elles pouvaient ainsi de nouveau participer au processus de régénération du cerveau vieillissant. « Lorsque sFRP5 est désactivée, les cellules subissent une sorte de rajeunissement », explique Antonio del Sol. « Il en résulte que, dans le cerveau des souris âgées, le ratio entre cellules souches actives et cellules souches dormantes change et devient presque aussi favorable que chez un jeune animal. »
« Nos résultats constituent un important pas en avant vers la mise en place de thérapies cellulaires, pour des maladies neurodégénératives par exemple » souligne le professeur del Sol. « Nous avons démontré quil est possible, à laide de modèles informatiques, didentifier les éléments essentiels qui caractérisent un état donné des cellules souches. » Et cette approche ne se limite pas à létude du cerveau. Elle peut également être utilisée pour modéliser les cellules souches dans dautres organes. « Lespoir est que cela ouvre de nouvelles perspectives pour la médecine régénérative », conclut Antonio del Sol.
Découvrez la recherche sur les cellules souches du LCSB dans notre vidéo.
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