Quel est limpact, au niveau mondial, du changement climatique sur lagriculture et la pêche ? Une collaboration internationale (1) de scientifiques pilotée par le CNRS, impliquant en France lUniversité de Montpellier (2), a étudié cette question en associant des modèles climatiques à des données globales sur lemploi, léconomie et la sécurité alimentaire. Selon leurs résultats, publiés le 27 novembre dans Science Advances, 90 % de la population mondiale pourraient être exposés à des baisses de productivité conjointes de l'agriculture et de la pêche sil ny a pas de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, la plupart des pays pourrait limiter ces pertes en cas de réduction drastique de ces émissions, telle que celle fixée par lAccord de Paris.
En combinant des modèles climatiques avec des données globales sur lemploi, léconomie et la sécurité alimentaire, des scientifiques ont analysé l'impact du changement climatique sur deux secteurs alimentaires clés : lagriculture et de la pêche.
Selon un scénario de non réduction des émissions de gaz à effet de serre, environ 90 % de la population humaine mondiale vivant pour la plupart dans les pays les plus vulnérables au changement climatique et les moins à même de sy adapter devraient être exposés à une perte de productivité dans les secteurs clés de lagriculture et de la pêche, tandis que moins de 3 % vivraient dans des régions enregistrant des gains de productivité simultanés dici 2100. Selon ce même scénario, les possibilités dadaptation seraient extrêmement limitées : il serait impossible de compenser les effets sur la pêche en développant lagriculture, ou vice versa, les deux secteurs étant tous deux fortement impactés.
En revanche, en cas de respect de lAccord de Paris (qui implique une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre), les scientifiques en concluent que la plupart des pays à la fois les plus vulnérables mais également la majorité des pays parmi les plus émetteurs de gaz à effet de serre - en sortiraient gagnants. En effet, bien que les pertes de productivité semblent inévitables dans de nombreux cas (60 % de la population seraient toujours touchés), leur ampleur serait considérablement amoindrie. Pour les pays les plus vulnérables, les pertes de productivité seraient 4 à 5 fois moins importantes, ce qui faciliterait grandement la mise en place de stratégies dadaptation (diversification des productions au sein dun même secteur comme par exemple développer des variétés viables dans ce climat du futur, ou bien se tourner vers un secteur peu touché voire bénéficiaire de ces nouvelles conditions climatiques).
Réduire la vulnérabilité des sociétés aux impacts futurs du changement climatique nécessite ainsi des actions datténuation rapides associées à une adaptation stratégique dans des régions où les impacts négatifs semblent inévitables.
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Notes :
(1) Comprenant, en plus des équipes françaises, des scientifiques de luniversité dHawaï (États-Unis), de luniversité de la Columbie-Britannique (Canada), de luniversité de Lancaster (Royaume-Uni) et de luniversité James-Cook (Australie).
(2) Les laboratoires français impliqués sont le Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement (CNRS/EPHE-PSL/UPVD) et le Centre pour la biodiversité marine, l'exploitation et la conservation (CNRS/IRD/Ifremer/Université de Montpellier)
Journal
Science Advances