Le massif des Alpes est certainement le plus scruté au monde, constituant un véritable laboratoire à ciel ouvert des effets des changements climatiques sur la biodiversité. Alors quun bon nombre détudes ont indépendamment démontré limpact des changements climatiques sur lactivité saisonnière et la migration des plantes et des animaux, ces conséquences navaient jamais pu être analysées simultanément à léchelle du massif montagneux. Une équipe européenne décologues impliquant Jonathan Lenoir, chercheur du CNRS au laboratoire Écologie et dynamique des systèmes anthropisés (CNRS/ Université de Picardie Jules Verne)1, vient de publier une synthèse qui quantifie ces changements saisonniers et les déplacements en altitude de plus de 2 000 espèces de plantes, animaux et champignons vivant dans les Alpes. Cette synthèse démontre que les espèces ont réagi avec une activité saisonnière plus précoce2 et une montée en altitude de leur distribution mais que la vitesse de déplacement moyenne3, variable selon les espèces, se situe bien souvent en deçà de la vitesse actuelle du réchauffement climatique. Ces résultats, issus en partie de données de sciences participatives, ont été publiés en ligne le 27 avril 2021 sur le site de Biological Reviews.
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Notes :
1 Également en France : le Centre de recherches sur les écosystèmes daltitude (Chamonix Mont-Blanc, France), le Laboratoire décologie alpine (CNRS/Université Grenoble Alpes/Université Savoie Mont Blanc).
2 Alors que les insectes terrestres, reptiles, oiseaux migrateurs et plantes ont fortement réagi au réchauffement climatique en avançant leur activité printanière de 2 à 8 jours par décennie en moyenne, dautres groupes dorganismes comme les oiseaux nicheurs, les amphibiens et les insectes aquatiques ont moins, voire pas du tout, décalé leur activité printanière.
3 Des changements significatifs de laltitude moyenne de répartition ont ainsi été trouvés pour les papillons, reptiles, arbres et arbustes (plus de 30 m/décennie), alors que certains groupes comme les insectes ayant un stade larvaire en milieu aquatique ou encore les oiseaux, les fougères et les plantes alpines nont que peu migré en altitude (moins de 15 m/décennie).
Journal
Biological Reviews