La photosynthèse, cest-à-dire la conversion dénergie lumineuse en énergie chimique par les plantes, est essentielle à la vie sur terre. Un excès de lumière savère toutefois néfaste pour les complexes de protéines responsables de ce processus. Des chercheurs de lUniversité de Genève (UNIGE) ont découvert comment Chlamydomonas reinhardtii, une algue unicellulaire mobile, active la protection de sa machinerie photosynthétique. Leur étude, publiée dans la revue PNAS, indique que les récepteurs (UVR8) qui détectent les rayons ultraviolets provoquent lactivation dune valve de sécurité qui permet de dissiper sous forme de chaleur lexcès dénergie. Un second rôle protecteur est ainsi attribué à ces récepteurs, dont léquipe genevoise avait déjà montré la capacité à induire la production dune «crème solaire» anti-UV.
Grâce à la photosynthèse, lénergie du soleil est convertie par les végétaux en énergie chimique afin de produire des sucres pour se nourrir. La première étape de ce processus, qui se déroule dans des compartiments cellulaires nommés chloroplastes, consiste à capturer des photons de lumière grâce à la chlorophylle. Si la lumière est essentielle aux plantes, un excès de soleil pourrait endommager leur machinerie photosynthétique, ce qui affecterait leur croissance et leur productivité. Pour se protéger, les plantes activent alors un mécanisme de protection lorsque la lumière est trop abondante, qui fait appel à une série de protéines capables de convertir lexcès dénergie en chaleur afin quelle se dissipe.
Produire des protéines qui détournent lénergie
«Ce sont les rayons ultraviolets de type B qui sont susceptibles de causer le plus de dégâts à lappareil photosynthétique, et nous avons voulu savoir sils jouaient un rôle de déclencheur du mécanisme de protection et, le cas échéant, lequel», expliquent Michel Goldschmidt-Clermont et Roman Ulm, professeurs au Département de botanique et biologie végétale de la Faculté des sciences de lUNIGE. Ces travaux, menés en collaboration avec des chercheurs du Laboratoire de physiologie cellulaire & végétale (CEA/CNRS/Université Grenoble Alpes/INRA) et de lUniversité de Californie, ont été effectués chez Chlamydomonas reinhardtii, une algue mobile unicellulaire employée comme organisme modèle.
Léquipe de Roman Ulm avait découvert en 2011 lexistence dun récepteur aux UV-B, baptisé UVR8, dont lactivation permet aux plantes de se défendre contre ces UV et délaborer leur propre «crème solaire» moléculaire. Les chercheurs découvrent aujourdhui que, chez cette algue, ce récepteur déclenche un deuxième mécanisme de protection. «En effet, lorsquUVR8 détecte des UV-B, il active un signal qui enclenche, au niveau du noyau cellulaire, la production de protéines , qui seront ensuite importées dans les chloroplastes. Une fois intégrées à lappareil photosynthétique, elles contribuent à détourner lénergie en excès, qui sera dissipée sous forme de chaleur grâce à des vibrations moléculaires», détaille Guillaume Allorent, premier auteur de larticle.
Chez les plantes terrestres, la perception des UV-B par ce récepteur est également importante pour la protection de la machinerie photosynthétique, mais le mécanisme na pas encore été élucidé. «Il est cependant crucial pour la productivité agricole et lexploitation biotechnologique des processus photosynthétiques de mieux comprendre les mécanismes responsables de la photoprotection contre la lumière solaire et ses rayons UV-B», indique Michel Goldschmidt-Clermont. La recherche continue.
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Journal
Proceedings of the National Academy of Sciences