Une étude récente réalisée à lUniversité McGill et publiée dans la revue Environmental Science and Technology révèle que les émissions annuelles de méthane séchappant des puits de pétrole et de gaz abandonnés ont été grandement sous-estimées jusquà 150 % au Canada et 20 % aux États-Unis. Actuellement, ces puits seraient aux dixième et onzième rangs des principales sources démissions anthropiques de méthane aux États-Unis et au Canada. Comme le méthane contribue davantage au réchauffement de la planète que le dioxyde de carbone, surtout à court terme, les chercheurs jugent quil est essentiel de mieux évaluer les émissions de méthane provenant des puits abandonnés afin de comprendre leurs répercussions sur lenvironnement et de trouver une solution au problème.
Beaucoup dinconnues
Comme le montre létude, il est difficile destimer le volume total des émissions de méthane attribuables aux puits de pétrole et de gaz abandonnés dans les deux pays en raison du manque dinformation sur le nombre de puits et sur les quantités de méthane quils laissent échapper chaque année, selon quils ont été bien obturés ou non.
« Au Canada et aux États-Unis, lexploitation pétrolière et gazière a débuté à la fin des années 1850 », explique Mary Kang, auteure en chef de larticle et professeure adjointe au Département de génie civil de lUniversité McGill. « De nombreuses compagnies nexistent plus, ce qui complique la recherche dinformation sur les puits. »
Des milliers de puits de pétrole et de gaz abandonnés non consignés
Pour compter les puits de pétrole et de gaz abandonnés, les chercheurs ont analysé les bases de données de 47 États, provinces et territoires, ainsi que des articles de recherche et des répertoires nationaux de puits forés et actifs aux États-Unis et au Canada.
Ils ont estimé à plus de quatre millions le nombre de puits abandonnés aux États-Unis, parmi lesquels au-delà de 500 000 ne sont pas répertoriés par les organismes étatiques concernés. Le tableau est semblable au Canada. Les archives de lAssociation canadienne des producteurs pétroliers ne remontent quà 1955, alors que des documents historiques confirment que lexploitation pétrolière et gazière a commencé dans les années 1850 au Canada. Daprès les sources consultées par les chercheurs, le Canada compterait au-delà de 370 000 puits de pétrole et de gaz abandonnés, dont plus de 60 000 ne sont pas consignés dans les bases de données des organismes provinciaux ou territoriaux.
Les archives gouvernementales ne tiennent pas compte de toutes les fuites de méthane
Pour avoir une meilleure idée de la quantité de méthane qui émane de ces puits, les chercheurs ont analysé près de 600 mesures directes tirées détudes existantes réalisées sur des puits abandonnés en Ohio, au Wyoming, en Utah, au Colorado, en Oklahoma, en Virginie-Occidentale et en Pennsylvanie, aux États-Unis, ainsi quen Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick, au Canada. Ils ont établi différents scénarios pour attribuer aux puits des niveaux démission de méthane annuels en fonction du type de puits pétrole ou gaz et de lintégrité du bouchon, sil y en a un.
« Nous avons constaté que les émissions de méthane provenant de puits abandonnés varient selon les régions; il est donc important dobtenir des mesures du Texas et de lAlberta, où lon trouve la plus grande quantité de puits aux États-Unis et au Canada et où aucune mesure directe na encore été effectuée », précise James P. Williams, auteur principal de létude et doctorant au Département de génie civil de lUniversité McGill.
Aux États-Unis, les cinq scénarios révèlent des émissions annuelles environ 20 % supérieures aux estimations de lEnvironmental Protection Agency des États-Unis pour 2018. Au Canada, les résultats indiquent que les émissions de méthane seraient près de trois fois supérieures aux estimations dEnvironnement et Changement climatique Canada pour 2018.
« Au fur et à mesure que les sociétés tourneront le dos aux combustibles fossiles, des millions de puits de pétrole et de gaz seront abandonnés partout dans le monde, affirme Mary Kang. Nous devons déterminer rapidement les répercussions de ces puits sur le climat, lair, leau et lenvironnement en général. »
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Larticle « Methane Emissions from abandoned oil and gas wells in Canada and the US », par James P. Williams, Amara Regehr et Mary Kang, a été publié dans Environmental Science and Technology. DOI : 10.1021/acs.est.0c04265
La recherche a été financée par le Fonds de recherche du Québec Nature et technologies, une bourse de doctorat en génie de McGill et une bourse de mobilité pour les étudiants aux cycles supérieurs de McGill.
LUniversité McGill
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, lUniversité McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Grand établissement et haut lieu de la diversité, lUniversité McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes détudes et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de lUniversité McGill ont une langue maternelle autre que langlais, et environ 19 % sont francophones.
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