Chez le Diamant mandarin, la femelle ayant grandi en labsence dun père ne réagit pas comme les autres oiselles au chant de ses prétendants. Le milieu dans lequel grandissent les oiseaux peut avoir un effet déterminant sur leur comportement.
Publié dans la revue Proceedings of the Royal Society B par des chercheurs de McGill, ce constat montre que lapprentissage et lexpérience, y compris les stimulus auditifs reçus pendant le développement, peuvent façonner la perception des signaux vocaux par le cerveau.
La présente étude vient enrichir lidée voulant que certaines expériences sont nécessaires au développement du cerveau et, à linverse, que labsence de certains stimulus peut avoir des effets à long terme sur la perception, le traitement de linformation et le comportement.
Le chant fait partie des signaux dappel nuptial que guettent les oiseaux chanteurs pour trouver un partenaire.
Chez le Diamant mandarin, le mâle na quun chant, mais il en exécute une version particulièrement mélodieuse lorsquil fait la cour à une femelle. Or, de plus en plus de données indiquent que la femelle choisit son soupirant en fonction de la beauté de cette « version améliorée », qui la renseigne sur la qualité, la condition et la forme physique du prétendant.
Vu limportance de la perception des variations subtiles du chant mâle chez cette espèce, les scientifiques croyaient cette aptitude innée chez la femelle.
Afin de vérifier cette hypothèse, Sarah Woolley, professeure au Département de biologie de lUniversité McGill, et Nancy Chen, étudiante aux cycles supérieurs, se sont demandé si lexposition au chant du mâle adulte pendant le développement influait sur la réaction de la femelle à ce chant.
« Comme la femelle se fonde sur la qualité du chant pour choisir le mâle, nous nous attendions à ce quelle ait un penchant pour les chants particulièrement mélodieux », explique la Pre Woolley. Or, les chercheuses ont constaté que la capacité dun oiseau de distinguer un chant nuptial dun autre type de chant variait en fonction de lenfance de lindividu.
Les oiselles ayant grandi avec leurs deux parents réagissaient « normalement », ayant une préférence pour le chant nuptial de leurs prétendants. En revanche, celles qui navaient pas été bercées par le chant paternel naffichaient pas forcément ce penchant.
En dautres termes, la femelle doit avoir entendu son père gazouiller pour être réceptive au soupirant le plus doué pour lui chanter la pomme.
« Dans la nature, la probabilité quune femelle grandisse en labsence dun père ou dun tuteur est très faible, fait observer la Pre Woolley. Cela dit, nos observations pourraient vouloir dire que le milieu dans lequel grandissent les oiseaux influe sur leurs préférences en matière de chant. Déjà, nous savons que les oiseaux mâles peuvent modifier leur chant pour le rendre plus audible dans le bruit des villes. Nos données pourraient néanmoins indiquer que chez la femelle, la capacité de percevoir ce chant est modifiée en fonction des airs ayant bercé son enfance. »
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