News Release

Des initiatives ambitieuses pour restaurer la fertilité des sols en Afrique et aider des millions d'agriculteurs à doubler ou tripler leurs récoltes

Un nouveau rapport d'AGRA révèle aussi qu'un accès accru aux engrais a permis à 1,8 million d'agriculteurs de régénérer 3,5 millions d'hectares

Peer-Reviewed Publication

Burness

Ce communiqué est disponible en anglais.

NAIROBI (22 août 2014)— Alors que la perte constante de nutriments essentiels dans les sols menace la sécurité alimentaire du continent africain, un nouveau rapport publié aujourd'hui révèle que, sur les cinq dernières années, 1,7 million d'agriculteurs de 13 pays africains ont adopté des pratiques agricoles qui ont régénéré 1,6 million d'hectares de terres et contribué à doubler, voire tripler, les rendements agricoles.

Le rapport de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) analyse les efforts intenses initiés il y a cinq ans pour s'engager vigoureusement à soutenir les petits producteurs d'Afrique subsaharienne, où le manque de services de vulgarisation agricole et la rareté des nutriments essentiels dans les sols ont engendré une baisse conséquente des récoltes de denrées essentielles telles que le maïs, les bananes et le manioc. Alors que beaucoup d'agriculteurs dans le monde récoltent généralement jusqu'à cinq tonnes de maïs par hectare (environ 2,5 ares), les agriculteurs africains n'en recueillent qu'une tonne. Au total, l'appauvrissement des sols entraîne pour ces derniers des pertes de productivité annuelles de l'ordre de 4 milliards de dollars US.

« Nous avons démontré qu'il était possible d'œuvrer à très grande échelle pour aider les petits producteurs à adopter des approches de production agricoles durables et rentables et à obtenir des résultats tangibles en accroissant considérablement les rendements », explique Dr Bashir Jama, le directeur du Programme pour la fertilité des sols d'AGRA.

L'efficacité des actions entreprises pour résoudre ce que nombre d'experts agricoles qualifient de crise de fertilité des sols la plus importante au monde a été prouvée lors d'un sommet organisé en juin en Guinée équatoriale. Durant ce sommet, les responsables des pays membres de l'Union africaine se sont engagés à intensifier leur soutien au secteur agricole, trop longtemps négligé sur le continent. Dans le cadre de leur engagement à éradiquer la faim en Afrique d'ici à 2025, les chefs d'État ont jugé prioritaire la nécessité de doubler la productivité agricole, et de renforcer l'accès à des « intrants » de haute qualité.

Selon le rapport d'AGRA, des pratiques agricoles non durables – telle l'absence de rotation des cultures ou d'utilisation d'engrais minéraux ou organiques – et l'érosion continuelle des sols privent les terres cultivables d'Afrique subsaharienne de 30 à 80 kg par hectare de nutriments essentiels comme le phosphore et l'azote. Le rapport attire l'attention sur le fait que de telles pertes menacent de « tuer tout espoir de sécurité alimentaire dans le futur en Afrique ».

Le Programme pour la fertilité des sols d'AGRA s'efforce de résoudre ce problème en soutenant un vaste réseau de partenariats dans 13 pays où 3 millions de producteurs ont suivi une formation agricole intitulée « Gestion intégrée de la fertilité des sols » (GIFS). Près de 1,7 million d'agriculteurs ont déjà adopté des pratiques de GIFS consistant, entre autres, à amender leurs sols avec des matières organiques telles que des résidus de récolte ou du fumier, à appliquer de petites quantités d'engrais minéraux, et à planter des légumineuses comme le niébé, le soja et le pois d'Angole, qui déposent naturellement de l'azote dans le sol.

Sur les cinq dernières années, l'amélioration de la productivité agricole – l'augmentation des quantités récoltées sur une même portion de terre – a été conséquente. Nous nous contenterons de citer quelques exemples :

  • En Tanzanie, les agriculteurs qui ont adopté une combinaison de pratiques de GIFS et de nouvelles variétés améliorées ont plus que doublé leur production de maïs, passant de 1,5 à 3,5 tonnes par hectare, et leur production de pois d'Angole est passée de 0,6 à 1,4 tonne par hectare.

  • Au Malawi, le rendement du maïs a plus que doublé (passant de 2 à 4,6 tonnes par hectare), et celui du soja est passé de 0,7 à 1,3 tonne par hectare.

  • Au Ghana, les récoltes de maïs sont passées de 1,5 à 3,5 tonnes par hectare, et les récoltes de soja de 0,9 à 1,5 tonne par hectare.

Une des priorités du Programme pour la fertilité des sols d'AGRA est de faciliter l'acquisition et l'usage adéquat d'engrais minéraux. Si l'emploi excessif d'engrais a provoqué des dommages environnementaux dans d'autres régions du monde, une étude menée en 2009 par des scientifiques de l'Université de Stanford souligne que la sous-utilisation des engrais par les agriculteurs d'Afrique subsaharienne a été un obstacle majeur à l'amélioration de la qualité des sols et à l'augmentation de la production alimentaire. Faisant face à des prix élevés – le coût des engrais en Afrique est souvent deux fois plus élevé qu'ailleurs – et à un faible approvisionnement, les agriculteurs africains utilisent en moyenne près de 10 kilos d'engrais par hectare, contre une moyenne mondiale de 100 kilos environ par hectare.

Selon l'analyse d-'AGRA, les efforts de l'organisation pour renforcer les capacités de stockage des engrais par les distributeurs agricoles ont permis aux petits producteurs d'acquérir 180 000 tonnes d'engrais supplémentaires. Utilisée dans le cadre d'un programme de gestion des sols plus large, cette quantité d'engrais peut suffire à aider 1,8 million d'agriculteurs à régénérer 3,5 millions d'hectares de terres appauvries et à tripler la quantité de céréales produite. AGRA encourage aussi les approches innovantes de l'utilisation des engrais, en collaborant par exemple avec l'Institut de l'environnement et des recherches agricoles (INERA) du Burkina Faso pour développer une nouvelle machine qui distribue des engrais à « micro-doses » en ajoutant seulement quelques pastilles pour chaque semence.

De plus, AGRA soutient la démarche innovante du Partenariat africain pour l'engrais et l'agro-industrie (African Fertilizer Agribusiness Partnership, AFAP), qui comprend également le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (New Partnership for Africa's Development, NEPAD), le Centre international pour le développement des engrais (International Fertilizer Development Center, IFDC), la Banque africaine de développement (BAD) et de l'Agricultural Market Development Trust—Africa (AGMARK). L'objectif est de développer de nouvelles opérations de production, de stockage et de vente d'engrais, en se concentrant tout d'abord sur la fourniture de 225 000 tonnes d'engrais supplémentaires aux agriculteurs de trois pays – le Ghana, le Mozambique et la Tanzanie – et de baisser les prix de 15 % ou plus pour les agriculteurs.

« Si les engrais seuls ne suffisent pas à garantir la fertilité des sols, ils constituent un ingrédient essentiel pour mobiliser le potentiel des petits producteurs africains et lancer une révolution verte unique en Afrique, génératrice d'emplois et de meilleurs revenus pour les communautés rurales et apte à créer des approches plus durables de l'agriculture », a rajouté Bashir Jama.

Ce dernier a également affirmé que le Programme pour la fertilité des sols d'AGRA se voulait encore plus ambitieux dans le futur, et visait à œuvrer sur l'ensemble d'un pays pour encourager l'adoption de pratiques de GIFS. Le Programme continuera à soutenir les efforts des gouvernements en vue d'améliorer le contrôle de qualité des intrants agricoles et de développer un nouveau groupe d'expertise composé de spécialistes des sols et de conseillers et experts agricoles. Le rapport sur la fertilité des sols précise que sur les cinq dernières années, AGRA a contribué à former 4 800 conseillers agricoles et 134 000 agriculteurs leaders, et à soutenir plus de 170 étudiants – dont une moitié de femmes – en science des sols et en agronomie dans des universités africaines.

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Note du rédacteur: Des visites de terrain peuvent être organisées sur demande pour les journalistes intéressés. Veuillez contacter awangalachi@agra.org pour plus d’informations.

À propos d'AGRA

AGRA est un partenariat dynamique œuvrant à travers le continent africain pour aider des millions de petits exploitants agricoles et leurs familles à s'affranchir de la pauvreté et de la faim. Les programmes d'AGRA proposent des solutions pratiques pour augmenter la productivité agricole et les revenus des pauvres tout en protégeant l'environnement. AGRA favorise les politiques qui appuient son œuvre à tous les niveaux importants de la chaîne de valeur de l'agriculture africaine : les semences, la fertilité des sols, l'eau ainsi que les marchés, l'enseignement et la politique agricoles. AGRA travaille dans toute l'Afrique subsaharienne. Son siège est situé à Nairobi (Kenya), et elle possède un bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest à Accra (Ghana) et des bureaux nationaux au Mali, au Mozambique et en Tanzanie. Pour en savoir plus : http://www.agra.org.


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