Helicobacter pylori est une bactérie pathogène qui colonise lestomac de près de la moitié de la population mondiale. Linfection à H. pylori est acquise pendant lenfance et perdure pendant des décennies. Associée à plus de 80 % des cas des cancers gastriques, cette bactérie en est le principal facteur de risque. Troisième cause de décès dus au cancer, le cancer gastrique fait régulièrement lobjet dun mauvais pronostic car il est souvent diagnostiqué à un stade avancé. On estime à environ 800 000 le nombre de victimes du cancer gastrique par an dans le monde.
H. pylori présente plusieurs facteurs de virulence qui interagissent avec des cibles spécifiques de la cellule avec des conséquences directes sur la gravité de la maladie gastrique. Parmi les principaux facteurs de la bactérie, la cytotoxine vacuolisante (VacA) était, jusquà présent, la seule toxine connue pour agir sur les mitochondries*, provoquant ainsi le dysfonctionnement des membranes des cellules et de leurs organites, et entraînant la mort des cellules.
Des chercheurs de lInstitut Pasteur et du CNRS ont découvert que H. pylori cible les mitochondries en utilisant au moins deux stratégies supplémentaires qui nentraînent pas la mort des cellules, mais qui permettent le maintien dun environnement favorable à la prolifération de la bactérie.
Leurs résultats montrent en effet que H. pylori affecte à la fois les systèmes de transport mitochondriaux (qui permettent le transfert des protéines à lintérieur des mitochondries) et le complexe de réplication et de maintien du génome mitochondrial. Parallèlement, les scientifiques ont constaté que, contrairement à ce que lon pensait auparavant, VacA nest pas le seul composant de H. pylori capable daffecter les mitochondries, ce qui suggère lexistence dautres facteurs encore inconnus produits par la bactérie.
Comme lexplique Miria Ricchetti, co-dernière auteure et chercheuse à lInstitut Pasteur**, « les altérations causées aux mitochondries par la bactérie H. pylori sont transitoires et disparaissent une fois linfection enrayée. Malgré un stress remarquable, les mitochondries, comme les cellules, peuvent donc rester fonctionnelles et subir linfection pendant plus longtemps que prévu. Nous devons maintenant tenir compte de cette situation dans la recherche de stratégies pour inhiber le pouvoir pathogène de cette bactérie. »
Eliette Touati, co-dernière auteure et chercheuse à lInstitut Pasteur**, ajoute : « nous avons remarqué, dans un modèle murin, que ce type daltération est associé à une aggravation des lésions gastriques. Ces altérations pourraient donc jouer un rôle sur la chronicité et la sévérité de linfection par H. pylori. La compréhension de ces interactions nouvelles entre le pathogène et les cellules hôtes (via les mitochondries) est essentielle pour développer des stratégies adaptées de lutte contre linfection par H. pylori. Le but reste de réduire la persistance de la bactérie dans lestomac et dendiguer les maladies associées, notamment les cancers. »
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* Les mitochondries sont des « centrales » cellulaires qui produisent lénergie de la cellule (ATP). Elles sont également impliquées dans dautres fonctions cellulaires essentielles.
** Miria Ricchetti est responsable de léquipe Stabilité de l'ADN nucléaire et mitochondrial, au sein de lunité Cellules souches et développement.
Eliette Touati est responsable de léquipe Infection, génotoxicité et cancer, au sein de lunité Pathogenèse de Helicobacter.
Pour plus dinformations sur Helicobacter pylori, consulter la fiche maladie : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/cancers-ulceres-gastriques
Journal
Scientific Reports