image: (right): a sea anemone, Nematostella vectensis. (center) Living (green) and dead (red) cells isolated after dissociation. (left) N. vectensis neurons revealed by the specific expression of a transgenic marker. view more
Credit: © Institut Pasteur
Derrière son apparente simplicité un cylindre surmonté de tentacules , lanémone de mer recèle une grande complexité. Des chercheurs de lInstitut Pasteur, en collaboration avec le CNRS, viennent en effet de découvrir plus dune centaine de types cellulaires différents chez ce petit invertébré marin, et notamment une incroyable diversité de neurones. Cest en réalisant un véritable atlas cellulaire de lanimal que les chercheurs ont pu révéler cette étonnante complexité. Leurs résultats, qui vont alimenter la réflexion sur la façon dont les cellules se sont diversifiées et regroupées sous forme dorganes au fil de lévolution, ont été publiés dans la revue Cell.
Lanémone de mer Nematostella vectensis a tout pour plaire aux chercheurs mis à part peut-être ses tentacules urticants. Il sagit dun petit invertébré marin facile à maintenir en laboratoire, qui possède un génome suffisamment simple pour en étudier les rouages et suffisamment proche de celui de lhomme pour en tirer des enseignements. « Quand le génome de lanémone de mer a été séquencé en 2007, on a découvert quil était très similaire à celui de lhomme, tant au niveau du nombre de gènes, avec environ 20 000 gènes, que de lorganisation, rappelle Heather Marlow, spécialiste en biologie du développement au sein de lunité Génomique et épigénomique du développement des vertébrés à lInstitut Pasteur et principale auteure de létude. Ces similarités font de lanémone de mer un modèle idéal pour étudier le génome animal et comprendre les interactions qui se jouent entre les gènes ». Autre point fort : sa position stratégique dans larbre du vivant. La branche évolutive des cnidaires à laquelle appartiennent les anémones sest séparée de celle des bilatériens , autrement dit de la plupart des autres animaux y compris lhomme, il y a plus de 600 millions dannées. « Lanémone peut donc aussi nous aider à comprendre lorigine et lévolution des multiples types cellulaires qui constituent les corps et organes des animaux, et notamment leur système nerveux », résume Heather Marlow.
Pour tenter den apprendre un peu plus sur les anémones de mer et par conséquent sur lensemble du règne animal , léquipe dHeather Marlow a décidé dausculter ce cnidaire, cellule par cellule. Grâce à une technique innovante, les minuscules cellules de lanimal qui ne font pas plus d1 micron de diamètre ont été isolées une à une, et leur ARN analysé. Car si lADN des chromosomes contient lensemble des gènes, lARN montre ceux-ci en activité. « Le développement dapproches génomiques à léchelle de la cellule unique permet de répertorier avec une grande précision les différents types cellulaires, mais également didentifier les gènes responsables du fonctionnement de chacune de ces cellules », décrit Heather Marlow. Au total, et contre toute attente, ce sont plus dune centaine de types cellulaires différents qui ont été identifiés, regroupés dans huit familles principales de cellules (musculaires, digestives, neuronales, épidermiques, etc.). Et lune des grandes surprises de ces travaux concerne le système nerveux. En effet, près dune trentaine de type de neurones différents peptidergiques, glutamatergiques ou encore insulinergiques ont été identifiés, révélant un système nerveux et sensoriel dune relativement grande complexité.
Ces travaux devraient ainsi aider les spécialistes de lévolution à préciser le portrait de lancêtre commun dont dérivent dune part les cnidaires (anémones) et de lautre les animaux bilatériens (hommes). Ce dernier devait en effet déjà présenter une certaine complexité cellulaire. Par ailleurs, même si lanémone semble très différente de nous, elle nous révèle les règles fondamentales qui permettent aujourdhui à ses cellules comme aux nôtres de remplir autant de fonctions différentes. « La cellule est lélément de base qui constitue les êtres vivants. En définissant comment les informations codées par le génome déterminent lidentité de chaque cellule, nous espérons mettre au jour les mécanismes conservés entre tous les animaux qui sont essentiels pour leur développement et leur homéostasie », conclut Heather Marlow.
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