Considéré comme lhormone du stress par excellence, le cortisol nous permet de faire face à un événement important ou à un danger imminent. La production dun pic de cortisol va mobiliser les ressources nécessaires (par exemple, en puisant dans les réserves de lorganisme pour produire de lénergie), et ensuite permettre de revenir à un état déquilibre. Mais quand le stress se prolonge ou se répète, lorganisme conserve-t-il cette capacité dadaptation ? Certaines études font état dune diminution du taux de cortisol lors de stress chroniques chez lhomme ou dautres mammifères, mais on trouve aussi des résultats contraires. Dans ces conditions, le cortisol reste-t-il un indicateur fiable ?
Pour répondre à cette question, des chercheurs rennais ont étudié 59 chevaux adultes (44 hongres et 15 juments) de trois centres équestres dans leurs conditions de vie habituelles : hébergement dans des boxes individuels (restriction spatiale et sociale) et travail avec des cavaliers inexpérimentés autant de facteurs de stress potentiels qui, répétés, peuvent induire un état de mal-être chronique. Dune part, ils ont recensé différents indicateurs comportementaux et sanitaires de bien- ou mal-être de ces animaux. Dautre part, ils ont mesuré leur taux de cortisol à la fois à partir de prélèvements sanguins et de fèces. Ces chevaux, qui étaient dans ces conditions depuis au moins un an au moment de létude, ont ainsi été suivis pendant plusieurs semaines.
De manière surprenante, les chevaux en état de mal-être (oreilles en arrière, problèmes de dos, anémie, ) se sont révélés avoir un taux de cortisol plus faible que les autres chevaux. Ces résultats rejoignent des observations précédentes de léquipe déthologie qui avaient révélé un taux anormalement bas de cortisol chez des chevaux présentant un syndrome « dépressif » . Par ailleurs, le taux de cortisol calculé à partir des fèces est corrélé à celui obtenu par voie sanguine, ce qui ouvre la voie à une mesure non invasive du bien-être des chevaux.
Ce résultat peut sembler contre-intuitif mais pourrait sexpliquer par une usure du système face à un stress suffisamment long et intense. Au bout de combien de temps ce phénomène sinstalle-t-il ? Cest lune des questions auxquelles vont maintenant sattacher les chercheurs. Cette étude montre en tout cas que le cortisol ne devrait pas être utilisé comme un indicateur absolu de stress ou de mal-être : un fort taux de cortisol peut aller de pair avec le « stress positif » qui pousse à se dépasser. A linverse, un faible taux nest pas forcément le signe danimaux non stressés. En-dessous dune certaine valeur, il y aurait au contraire matière à sinquiéter.
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Journal
PLOS ONE