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Les solutions occupent une place importante dans les reportages des médias non traditionnels sur l’environnement, mais ce type de journalisme exige un appui constant, selon une étude de l’Université Concordia

D’après une analyse, explorer différents angles peut donner lieu à des articles plus positifs que ceux des médias traditionnels.

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Concordia University

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Amélie Daoust-Boisvert: “We’re not saying a solutions focus will solve the many crises facing journalism today, but I believe it has its place in a good media diet.”

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Credit: Concordia University

Cela ne fait aucun doute : suivre l’évolution des défis environnementaux de la planète peut se révéler une expérience bien sombre. Changements climatiques, inondations, incendies de forêt et effondrement de la biodiversité sont autant de raisons pour lesquelles une grande partie du lectorat se détourne complètement de l’actualité.

Pour contrer cette vague incessante de négativité, certains journalistes adoptent une pratique appelée « journalisme de solutions ». Cette approche repose sur des méthodes courantes de journalisme pour présenter des comportements, des mesures et des stratégies susceptibles d’atténuer ou d’inverser les dommages environnementaux, ou encore de nous aider à nous y adapter : en d’autres termes, elle propose des solutions aux problèmes existants.

Au cours des dernières décennies, le paysage médiatique canadien a connu une évolution notable vers le journalisme de solutions, et les médias non traditionnels indépendants du pays sont en première ligne de cette transition.

Dans un article publié dans la revue Environmental Communication, deux chercheuses de l’Université Concordia étudient la place du journalisme de solutions dans les reportages environnementaux réalisés par sept médias non traditionnels canadiens. En procédant à des analyses de contenu et à des entrevues avec des journalistes, les chercheuses ont constaté que cette pratique nécessite un fort soutien institutionnel, même si le journalisme climatique fait partie intégrante de la couverture médiatique d’un média donné.

« Si une salle de rédaction n’entretient pas un cadre propice au journalisme de solutions, cette pratique n’aura pas cours, même au sein d’organismes comme des médias non traditionnels dont la mission est axée sur ce type d’approche », observe Amélie Daoust-Boisvert, coauteure de l’étude et professeure agrégée au Département de journalisme.

« Même s’ils ont suivi une formation sur le sujet et qu’ils en discutent lors des réunions éditoriales, les journalistes doivent composer avec leur routine quotidienne et la pression du travail. Néanmoins, le journalisme de solutions convient mieux à certains médias qu’à d’autres, en fonction de leur public et de leur vocation. »

Y parvenir en faisant le travail

L’étude, qui s’appuie sur le mémoire de maîtrise de 2023 de la coauteure Willow Beck, recourt à une approche mixte. La première étape prend la forme d’une analyse de contenu de tous les articles publiés par sept médias non traditionnels canadiens en 2022 : The TyeeCanada’s National ObserverThe NarwhalIndigiNewsThe DiscourseThe Sprawl et, en français, Pivot.

Sur les quelque 4 000 articles publiés, environ 1 700 ont été répertoriés comme ayant un lien avec le climat ou l’environnement, soit environ 43 %. Les chercheuses ont évalué l’aspect « solutionniste » de ces articles en fonction de la définition proposée par le Solutions Journalism Network concernant le journalisme de solutions.

Pour qu’un article soit catégorisé comme étant axé sur les solutions, il doit répondre aux critères suivants : présenter la réponse à un problème donné, proposer des idées applicables à plus grande échelle, prouver que la solution est efficace, et énumérer les contraintes liées à la solution.

Une échelle de Likert allant de zéro à quatre a été utilisée pour déterminer le degré d’intérêt porté aux solutions dans chaque article, zéro correspondant à un degré « nul », et quatre à un degré « maximal ». Sur un sous-échantillon d’environ 250 articles, 17 % ont obtenu un score élevé, soit trois ou quatre sur l’échelle de Likert – résultat que les chercheuses ont trouvé étonnamment bas.

Or, selon les entrevues de suivi avec sept des journalistes qui ont signé les textes axés sur les solutions, dans bien des cas, les auteurs n’avaient pas décidé d’écrire délibérément des articles de solutions. En fait, certaines et certains ont même déclaré ne pas avoir conscience d’avoir écrit un article de ce type : à leurs yeux, ils n’ont fait que leur travail de tous les jours.

« La plupart d’entre eux savaient ce qu’était le journalisme de solutions, et certains avaient suivi une formation à ce sujet, ou en avaient discuté lors de réunions, précise la professeure Daoust-Boisvert. Mais comme la nature des médias non traditionnels les oblige à se différencier des médias traditionnels, ils finissent souvent par faire du journalisme de solutions simplement parce qu’ils cherchent à explorer différents angles. »

Si elle reconnaît qu’un bon journalisme de solutions exige un appui constant de la part des diffuseurs et des gestionnaires, elle ajoute que l’intérêt croissant du public pour des solutions positives plutôt que des messages constamment pessimistes sur le climat pourrait encourager les salles de rédaction à privilégier ce type d’articles.

« Sans vouloir dire que tout le monde devrait faire du journalisme de solutions ou que cette approche résoudra les nombreuses crises auxquelles le journalisme est aujourd’hui confronté, je pense que ce type de journalisme a sa place dans un régime médiatique équilibré. »

Lisez l’étude citée : Perfect as the Enemy of Good: How the Seeds of Solutions Journalism for Environmental Reporting Take Root in Canadian Alternative Media.


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