image: « Ces travaux nous aideront à gérer les effets physiologiques de la chaleur et à trouver des solutions pour protéger la population en cas de phénomènes météorologiques extrêmes » Glen Kenny — Professeur titulaire de physiologie à la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa view more
Credit: L'Université d'Ottawa
Les scientifiques étudient depuis longtemps les effets de la chaleur sur le cœur. Mais il y a un hic : la méthode la plus souvent utilisée ne nous fournit peut-être pas la bonne information sur le fonctionnement du cœur pendant les vagues de chaleur.
Une nouvelle étude, réalisée par l’Unité de recherche sur la physiologie environnementale et humaine de l’Université d’Ottawa, en collaboration avec des équipes de recherche de l’Université Harvard, l’Université d’Otago, l’Institut de médecine de l’exercice et de médecine environnementale, et l’Université de Portsmouth, a mené à des constats très importants sur l’étude des effets de la chaleur extrême sur la fonction cardiaque. À cause du réchauffement climatique, il devient urgent de comprendre ces effets pour protéger la santé publique, particulièrement en temps de canicule.
La présente recherche a analysé les données de plus de 400 études en laboratoire auxquelles ont participé plus de 6 800 personnes; elle met en évidence l’effet des différentes méthodes de production de chaleur sur le fonctionnement du cœur lorsqu’il est soumis au stress thermique. « Notre étude montre que, comparativement à l’exposition naturelle à la chaleur, l’emploi de méthodes artificielles, comme les combinaisons dans lesquelles on fait circuler de l’eau pour réchauffer le corps ou l’immersion en eau chaude, peut provoquer une importante accélération du rythme cardiaque, ainsi qu’une forte augmentation de la pression artérielle et de la tension cardiaque », explique Robert Meade, boursier postdoctoral à l’Unité de recherche sur la physiologie environnementale et humaine de l’Université d’Ottawa et auteur principal de l’étude.
Lorsque le corps est exposé à la chaleur, son fonctionnement normal est entravé, ce qui peut causer de graves problèmes cardiovasculaires. Pour se rafraîchir, le corps active le flux sanguin vers la peau, ce qui augmente le rythme cardiaque et l’effort que doit faire le cœur. Cela pose un risque considérable pour la santé des groupes vulnérables, notamment les personnes âgées et celles qui souffrent déjà de troubles cardiaques.
Glen Kenny, professeur titulaire de physiologie à la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa et directeur de l’Unité de recherche sur la physiologie environnementale et humaine, insiste sur l’importance de ces résultats. « Les températures continuent d’augmenter et nous devons comprendre comment la chaleur affecte la santé cardiaque. Ces travaux nous aideront à gérer les effets physiologiques de la chaleur et à trouver des solutions pour protéger la population en cas de phénomènes météorologiques extrêmes. »
Il semble que la méthode d’exposition à la chaleur la plus courante, qui consiste à utiliser une combinaison faisant circuler de larges volumes d’eau très chaude tout près de la peau, peut entraîner une surchauffe rapide de l’organisme et exacerber la tension cardiaque. Par contraste, les personnes exposées à des environnements où la température est contrôlée de manière à simuler une journée très chaude ou une canicule présentent une réponse cardiaque bien distincte qui se rapproche sans doute plus de ce qui se produit dans la réalité. « Notre recherche fournit des données fondamentales grâce auxquelles on pourra concevoir des études en laboratoire mieux adaptées au monde réel, qui permettront de choisir les meilleures approches pour protéger le public », fait remarquer Robert Meade.
L’équipe de recherche espère que les résultats ainsi obtenus influenceront les stratégies mises en place par les organismes de santé pour préserver la santé publique pendant les vagues de chaleur extrême.
C’est donc un retour à la case départ pour les scientifiques, qui devront comprendre ce qui se passe vraiment lorsque le mercure grimpe, non pas en laboratoire, mais dans la vraie vie, là où les enjeux sont les plus déterminants.
Pour en savoir plus, consultez l’article intitulé « Meta-analysis of heat-induced changes in cardiac function from over 400 laboratory-based heat exposure studies » (méta-analyse des changements induits par la chaleur dans la fonction cardiaque réalisée à partir de plus de 200 études d’exposition à la chaleur en laboratoire), publié dans Nature Communications.
Journal
Nature Communications
Method of Research
Meta-analysis
Subject of Research
People
Article Title
Meta-analysis of heat-induced changes in cardiac function from over 400 laboratory-based heat exposure studies
Article Publication Date
14-Mar-2025