Les ports maritimes jouent un rôle de foyers épidémiologiques dans la propagation mondiale d’un cancer contagieux affectant les moules. Appelée « MtrBTN2 »1, cette maladie est une forme de cancer rare dans laquelle les cellules cancéreuses sont capables de se transmettre entre deux individus à proximité, à l'instar d'un parasite. Si dans la nature, la contagion n’est efficace qu’entre individus d’un même banc, les ports et le transport maritime favorisent sa dissémination entre individus de différents bancs, via le déplacement de moules malades fixées aux coques des bateaux. Ce résultat, issu des travaux d’une équipe de recherche menée par des scientifiques du CNRS2 et de l’Université de Montpellier, est à paraitre le 21 février dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
L’incidence plus élevée de cette maladie dans les ports a été identifiée en étudiant 76 populations de moules le long de la côte vendéennes et du sud de la Bretagne, dans différents habitats, naturels ou artificiels.
Pour l’équipe de recherche, ces résultats appellent au déploiement de politiques de régulation du phénomène de « biofouling », c'est-à-dire l'attachement d'organismes marins aux coques, afin de limiter la propagation de cette maladie et préserver la santé des environnements côtiers.
Notes
1 – Pour « Mytilus trossulus Bivalve Transmissible Neoplasia 2 »
2 – De l’Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (CNRS/IRD/Université de Montpellier) et du laboratoire Interactions hôtes-pathogènes-environnements (CNRS/Ifremer/Université de Perpignan Via Domitia). Ont également participé à cette étude des scientifiques du laboratoire Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle (CNRS/IRD/Université de Montpellier) et des bureaux d’étude Eurêka Mer et Cochet Environnement.
Journal
Proceedings of the Royal Society B Biological Sciences
Article Title
Marine transmissible cancer navigates urbanised waters, threatening to spillover.
Article Publication Date
21-Feb-2024