Dans un environnement appauvri en insectes pollinisateurs, les plantes à fleurs qui se développent dans les cultures agricoles tendent à s’affranchir des pollinisateurs. Leur reproduction devenant plus difficile, elles évoluent vers l’autofécondation. C’est ce que mettent en évidence des scientifiques du CNRS et de l’université de Montpellier1 dans une étude à paraitre dans la revue New Phytologist le 20 décembre 2023.
En comparant des fleurs de pensée des champs, poussant aujourd'hui en région parisienne, à des fleurs de pensée des mêmes localités « ressuscitées » en laboratoire à partir de graines collectées2 entre 1992 et 2001, l’équipe de recherche a constaté que les fleurs actuelles sont 10 % plus petites, produisent 20 % moins de nectar, et sont moins visitées par les pollinisateurs que leurs ancêtres.
Ces évolutions rapides seraient dues au déclin des populations de pollinisateurs en Europe. En effet, une étude menée en Allemagne montre que plus de 75 % de la biomasse d’insectes volants a disparu des aires protégées au cours des trente dernières années.
L’étude a mis en lumière un cercle vicieux dans lequel le déclin des pollinisateurs entraîne la réduction de production de nectar par les fleurs, ce qui pourrait, à son tour, aggraver le déclin de ces insectes. Elle souligne l’importance de mettre en place des mesures pour enrayer le plus rapidement possible ce phénomène et permettre le maintien des interactions entre plantes et pollinisateurs, vieilles de plusieurs millions d’années.
Notes
1 Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS/Université de Montpellier/EPHE/IRD)
2 Graines conservées par le Conservatoire botanique national de Bailleul et le Conservatoire botanique national du Bassin parisien.
Journal
New Phytologist
Article Title
Ongoing convergent evolution of a selfing syndrome threatens plant-pollinator interactions.
Article Publication Date
20-Dec-2023