News Release

40 ans après la découverte du VIH : la recherche nourrit l’espoir de rémission

Meeting Announcement

Institut Pasteur

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One of the very first photographs of the HIV-1 virus (colorized blue) taken on February 4, 1983.

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Credit: © Institut Pasteur/Charles Dauguet

Près de 39 millions de personnes dans le monde sont porteuses du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et encore 1,3 million de personnes ont contracté le VIH en 2022[1]. Quarante ans après la découverte du virus à l’Institut Pasteur, la recherche sur le VIH est toujours active avec pour objectif de mieux comprendre les mécanismes d’infection afin de l’éradiquer. Les connaissances se sont accumulées grâce à une mobilisation internationale. Le colloque « 40 years of HIV science » (40 ans de science du VIH) qui s’est déroulé du 29 novembre au 1er décembre à l’Institut Pasteur, en collaboration avec l’ANRS | MIE, est l’occasion de revenir sur les avancées majeures qui permettent aujourd’hui de nourrir l’espoir de rémission et de guérison du VIH.

Depuis 40 ans, depuis l’identification du virus au sein de l’Institut Pasteur, les chercheurs s’attachent à décrire le VIH, à comprendre les différentes étapes de l’infection jusqu’à son intégration dans le génome des cellules de l’hôte. Ces connaissances ont contribué à de nombreux progrès scientifiques et médicaux pour freiner l’infection, et ont aussi permis aux personnes vivant avec le VIH de vivre plus longtemps, avec une meilleure qualité de vie. Les personnalités réunies à l’ouverture du colloque « 40 years of HIV science » (40 ans de science du VIH) partagent le constat que malgré de grandes avancées, le combat contre le VIH n’est pas terminé, même si elles nourrissent de grands espoirs pour trouver les pistes de rémission et de guérison : « Je salue ces années de recherche, d’avancées médicales et d’activisme, mais de nombreux défis restent à relever. Malgré ces progrès, 630 000 personnes sont mortes du Sida en 20221 et de nouvelles contaminations subsistent. Le combat contre le VIH n’est pas terminé. Cette lutte internationale se poursuit et personne ne sera laissé pour compte ! », a déclaré Stewart Cole, Directeur général de l’Institut Pasteur.

Quarante ans après la découverte du VIH, la recherche fondamentale décrypte encore les mécanismes de l’infection

Pour répondre à ces enjeux, différents champs d’investigation sont activement explorés, notamment pour décrypter les mécanismes moléculaires liés à la réplication du VIH mais aussi ceux de son intégration dans le génome de la cellule de l’hôte. Grâce à des techniques de pointe, il a été démontré de façon surprenante, que le virus cible les noyaux des cellules. Il profite ainsi de tous les mécanismes de la cellule hôte pour multiplier son génome et reconstituer des particules virales qui iront infecter d’autres cellules. Cette découverte du ciblage du noyau cellulaire ouvre de nouvelles pistes pour lutter contre la réplication et persistance virale. Autre piste explorée, l’immunité innée, c’est-à-dire les défenses de l’organisme immédiatement mobilisables pour bloquer le virus dès son entrée dans la cellule. Il est donc envisageable de stimuler cette réponse naturelle en élaborant des traitements d’immunothérapies.

Déloger le virus dans toutes les cellules de l’organisme où il se loge, est essentiel pour éviter la persistance du virus. Les scientifiques tentent grâce à de nouvelles technologies de déterminer la localisation des réservoirs et de comprendre comment le virus s’y installe en échappant au système immunitaire et aux traitements antirétroviraux. Les ganglions ou encore les intestins sont notamment des réservoirs scrutés de près par les chercheurs.

Analyser la capacité naturelle de certaines personnes à faire barrage au virus

Comment expliquer le fait que certaines personnes sont capables, sans traitement antirétroviral, de faire barrage au virus en freinant sa progression ou en évitant que les réservoirs viraux se réactivent ? Ces personnes contrôlent l’infection par le VIH grâce à des réponses immunitaires optimales qui neutralisent le virus. Réussir à reproduire les particularités des cellules immunitaires responsables de cette activité optimale est une voie d’exploration de nouvelles solutions thérapeutiques pour venir à bout de l’infection par le VIH.

« L’identification du contrôle du VIH chez certaines personnes contribue grandement à renforcer les espoirs de rémission et de guérison et nous offre une opportunité unique d’étudier les mécanismes sous-jacents » a expliqué Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur.

Les chercheurs s’intéressent également aux personnes qui, malgré une forte exposition au VIH, n’ont jamais été contaminées, et cela grâce à une mutation génétique qui empêche le virus de pénétrer au sein de leurs cellules. Cette mutation pourrait être induite par thérapie génique. Développer des ciseaux moléculaires pour rendre l’organisme résistant ou encore cibler le virus lorsqu’il a été intégré dans les cellules pour l’éliminer sont des axes d’études pour obtenir une guérison sur le long terme.

Actionner les sciences sociales pour que l’innovation thérapeutique soit accessible à tous

Aux défis de la recherche médicale sur la compréhension du mode d’action de l’infection du VIH s’ajoutent des enjeux sociétaux. Associations de patients, scientifiques et chercheurs en sciences sociales œuvrent depuis 40 ans ensemble pour changer le regard social sur le VIH et le Sida en luttant contre la discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH, et en mobilisant les pouvoirs publics pour favoriser la prévention et le diagnostic précoce. La mise à disposition de tests de diagnostic rapides est une des concrétisations de cette mobilisation collective. L’innovation thérapeutique à elle seule ne suffit pas, il faut qu’elle s’accompagne de programme ciblés et pertinents pour toucher les personnes concernées par des risques de contamination par le VIH. La recherche communautaire qui s’est développée dans ce combat contre le VIH a pour but de compléter les savoirs pour réduire les inégalités d’accès et s’adapter aux situations des patients. 9,2 millions de personnes vivant avec le VIH n'ont toujours pas accès à un traitement antirétroviral en 2022. L’accès aux traitements antirétroviraux et aux moyens de prévention contre l’infection comme la PrEP (prophylaxie préexposition) sont aussi des combats sociétaux menés par les parties prenantes de la lutte contre le VIH.

Pour atteindre l’objectif d’une éradication, la communauté internationale mobilisée sur ce colloque a confirmé qu’il faut redoubler les efforts d’exploration de toutes les pistes scientifiques qui s’ouvrent à chaque nouvelle découverte sur le virus, de prévention et d’accès aux thérapies.

Enfin, ces expertises rassemblées autour de la recherche sur le VIH depuis 40 ans ont contribué également au combat contre d’autres maladies, comme la Covid récemment.


[1] Onusida


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